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La Semaine de SLU du 29 novembre au 10 décembre 2011
samedi 10 décembre 2011, par
De bonnes nouvelles ! mais oui, quelques-unes…
• Nasser bin Ghaith et les autres détenus (d’Abou Dabi / Sorbonne) graciés et libérés.
• Madame ou Mademoiselle ? Dans l’ESR, c’est fini, Madame l’emporte !
• On a gagné ! (enfin, un peu) Un dispositif central de la destruction de la formation des enseignants déclaré illégal par le Conseil d’État.
le communiqué de SLU.
la presse se déchaîne :
« la nouvelle formation des profs décriée », « Luc Chatel désavoué », « Annulation de la réforme de la mastérisation », « le Ministre de l’éducation doit revoir sa copie ! ».
les syndicats itou : « coup de semonce … mastérisation ébranlée », « SNESUP : 1 - MESR-MEN : 0 ».
• SLU a un nouveau CA, un nouveau bureau — qui ressemble beaucoup à l’ancien, qui était déjà très bien — et plein de porte-parole.
Pour les étudiants étrangers, par contre, ça ne s’arrange pas…
« Les étudiants étrangers en froid avec la France » — ne serait-ce pas plutôt la France qui est en froid avec eux ?
« Les étrangers pauvres au ban de l’université ? ».
mais il y a des retombées inattendues : Les étudiants étrangers rejoignent la lutte des sans-papiers contre Guéant … « Ce gouvernement a réussi à unir des étudiants de master 2 et des gens qui nettoient les bureaux. Il fallait quand même le faire ! ».
Quant aux universités… ça se déglingue :
côté finances… 5 sur 150 sont en « difficultés » ? [1], 8 sur 83, non 7, non 8, non 6 ?
• Laurent Wauquiez danse avec les chiffres.
• Dans le budget de l’enseignement supérieur, il n’y a que celui de la communication du ministre qui augmente, affirme le Groupe Marc Bloch.
• trop fortes les Dernière Nouvelles d’Alsace ! elles annoncent un budget de l’Université de Strasbourg en équilibre alors qu’il n’est même pas voté !
• Pau « sous tutelle », euh, « en difficultés » se réveille, et le président de Nantes devient une victime collatérale de la Fraction Terroriste Pâtissière.
Alors ? mauvaise gestion ? incompétence ? Mais non ! nous dit Louis Vogel c’est "La couverture médiatique de la situation financière des universités qui est déraisonnable" Ah bon ! (lui, il a échappé de peu au bonus de la semaine !).
côté bâtiments
• vous avez aimé la paille de l’amiante à Paris6 ?, vous adorerez la poutre du PPP Vinci/Paris7 (faut-il renforcer la poutre ou alléger le bâtiment ? on dirait une contrepèterie, non ?).
• De plus, c’est un feuilleton à épisode qui n’a rien à envier aux Mystères de Paris ! le lendemain, on apprend que c’est l’Université qui garantit les coûts qui pourraient découler des recours déposés ! ; le soir, la nouvelle tombe : l’avocat de Paris 7 est le même que celui de Bouygues dans l’autre affaire du moment, celle du « Ballardgone » ou du « Sarkopentagone » comme l’a surnommé le Canard enchaîné du 7 décembre.
• Mais, chut ! Vinci joue à cache-cache…
Jade Lindgaard résume assez bien l’ambiance : « C’est une photographie de l’université après la loi LRU. Qu’y découvre-t-on ? Un président tout-puissant face à une représentation syndicale réduite à la portion congrue. Des universitaires désormais dotés de compétences budgétaires et financières sans avoir ni le temps, ni l’envie, ni toujours les compétences pour les exercer. Signés par des facultés déboussolées, les partenariats publics-privés ouvrent un boulevard aux professionnels de la construction et de la banque. Eux savent et peuvent faire valoir leurs intérêts. »
côté CNU, ça gargouille.
côté jeunes chercheurs vacataires : toute honte bue, après Chargés de cours, ATER, voire ½ ATER, on leur propose sans rire de devenir « auto-entrepreneurs ».
Pour les enseignants des premier et second degrés, ça ne galope pas vraiment non plus :
stress, burnout, démissions…
pas sûr que la « grande réforme pour refonder l’école » des socialistes les rassure [2] pleinement (où l’on voit apparaître des éléments de langage comme « réforme du système », « contreparties », « évaluation », « autonomie », « pas de réforme contre les enseignants mais… », « François Hollande m’a demandé d’aller au bout de la concertation. L’enjeu est trop important pour en rester à des postures… » brrrr…).
mais, fini de rire, les think tank de droite passent à l’attaque [3].
retour de la morale à l’école ? Quelle morale et pour qui ? Pour les pauvres, bien sûr !
Laisser croire que le problème de l’école est culturel et non économique, et dans le projet, associé, de faire revenir à l’école la morale plutôt que des enseignants et de l’argent public. « Dépenser plus ne sert à rien, car ce qui manque à l’école, ce n’est pas l’argent mais la morale » est un slogan qui passe probablement mieux que « L’éducation n’est plus une priorité de l’État »
Quant à leur formation !
en juillet, on avait aimé la première mouture du rapport Grosperrin, en décembre, on adore Grosperrin 2, Le RETOUR !
le lapsus de la semaine revient sans conteste au sieur Grosperrin [4] : « La formation actuelle des futurs professeurs ne correspond pas aux atteintes de ce métier ». Mais si, justement !
Mais, oh ! comme on regrette chère Valérie !
Elle obtient la palme de la semaine avec sa proposition de troquer l’excédent du budget du relogement d’urgence (des SDF)… pas contre des couvertures chauffantes ou des thermos, non, contre des gilets pare-balles pour les bleus !
Ce n’est pas le « ministre des classes moyennes » qui nous ferait rire comme ça !
[1] élément de langage pour « sous tutelle du recteur »
[2] voir "On craint le pire"
[4] ou, pour être honnête, au rédacteur de son interview