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Le CNU et l’évaluation quadriennale- bilan de printemps, Emmanuelle Picard, Blog Evaluation de la recherche en SHS, 11 mai 2012
mardi 15 mai 2012
La CP-CNU a programmé la semaine prochaine (14 mai) une réunion du groupe de travail consacré à la question de l’évaluation quadriennale des enseignants-chercheurs, tâche attribuée à cet organisme à compter de 2013. Discutée depuis le décret de 2009, cette nouvelle attribution a été l’un des éléments du débat lors des candidatures au CNU à l’automne 2011 (voir par exemple celle du Snesup). La discussion a été relancée l’hiver dernier quand certains conseils d’administration d’université ont dénoncé la précipitation et l’opacité des procédures engagés ; la présidente de la CP-CNU, Dominique Faudot a alors obtenu le report d’une année et engagé une consultation auprès des sections du CNU, autour des trois questions suivantes : quelles sont les finalités attendues de l’évaluation individuelle par la communauté ? quels sont les grands principes qui devraient guider l’activité d’évaluation (principes communs à toutes les disciplines) ? quelles pourraient être les modalités de sa mise en place par le CNU ? Une synthèse en a été présentée devant la CP-CNU, le 21 mars 2012 (voir à ce sujet la lettre critique de J. Valluy et les liens qu’elle contient).
Les motions rendues publiques, dont on peut télécharger les textes intégraux ici (je ne sais pas s’il s’agit de textes différents des réponses à la consultation lancée par la CP-CNU), ont largement circulé, mais n’ont jamais été mis en perspective les unes avec les autres. C’est ce que je voudrais faire ici, en tentant de rendre compte des disparités et des convergences majeures. Pour simplifier la lecture, j’ai indiqué de façon rapide les disciplines concernées, dont on peut trouver le descriptif précis dans la liste qui se trouve sur le site du CNU.
C’est sans doute sur le plan des finalités que l’accord est le plus fort, ou plus exactement sur l’absence d’objectifs clairement identifiés à l’origine et en conséquence de la procédure d’évaluation individuelle mise en place. Globalement, une grande partie des sections renâcle à une tâche dont elles ne peuvent anticiper la portée et l’usage. On peut cependant distinguer deux positions. La première, le refus clair d’effectuer les évaluations individuelles, apparaît dans un certain nombre de motions (science politique 04, littérature 10, langues 11, arts 18, sociologie 19, mathématiques 25 et 26, histoire-philo des sciences 72). Certaines sections mettent en avant des arguments de nature juridique (absence de définition des objectifs et des procédures) qui rendent la mesure inapplicable (en droit 01, langues 13, 14 et 15, histoire 21) ou refusent une évaluation sont les objectifs sont inconnus (mathématiques 26). D’autres dénoncent l’inutilité (biologie 64), voire la nocivité, d’une évaluation individuelle récurrente (droit 03), une conception néomanagériale (science politique 04), qui en fait un simple instrument de gestion aux mains de l’établissement universitaire (sociologie 19). Certaines déplorent un manque de précisions quant aux objectifs et aux usages (informatique 27, physique 28 et 29) et demandent une clarification (urbanisme 24, biologie 64, sciences de l’éducation 70, info-com 71). A l’inverse, un certain nombre de sections se montrent explicitement favorables à une évaluation qui apporte une reconnaissance individuelle et aide les collègues à construire leur carrière (sciences économiques 05, physique 30, sciences de l’univers 35, génie 61, 62 et 63, biologie 66 et 68), à améliorer leurs conditions de travail et qui fonctionne comme un outil de négociation et de prise en compte de situations très hétérogènes. Pour certaines enfin, l’évaluation ne peut se faire que dans le cadre du volontariat, et doit donc découler d’une demande individuelle des enseignants-chercheurs (littérature 09, langues 11, philosophie 17, architecture 18). Pour autant, la forme finale qu’elle doit prendre est très variable : d’un avis plutôt lapidaire (histoire du droit 03, langues anciennes 08, biologie 64) à des recommandations précises (sciences de l’univers 35, génie 63, biologie 66 et 68).
Sur le plan des modalités, on voit se dessiner une position très largement dominante de refus de toute évaluation purement quantitative, aussi bien quant aux indicateurs utilisés que dans la forme prise pour la restitution du jugement, chiffrée ou par catégorie et classement (science politique 04, sciences économiques 05, sciences du langage 07, littérature 09, langues 13 et 14, histoire 21 et 22, géographie et urbanisme 23 et 24, informatique 27, physique 28, chimie 33, sciences de l’univers 34, génie 62 e 63, biologie 66 et 68, sciences de l’éducation 70). C’est sans doute le seul point à faire l’unanimité, toutes disciplines confondues. En contrepartie, l’évaluation individuelle peut être envisagée si elle prend en compte l’ensemble des activités (droit 01, sciences du langage 07, langues anciennes 08, littérature 09, psychologie 16, histoire 21 et 22, urbanisme 24, chimie 32 et 33, sciences de l’univers 35 et 36, génie 61, biologie 66 et 68, sciences de l’éducation 70, staps 74). Elle est alors présentée comme un processus de valorisation du travail effectué et surtout de reconnaissance de l’hétérogénéité des conditions locales d’exercice (histoire 21 et 22, géographie 23, physique 28 et 30, chimie 32 et 33, génie 61 et 62, biologie 68, info-com 71, staps 74). La grande majorité des sections insiste sur la nécessité de prendre en compte les spécificités disciplinaires (par exemple langues anciennes 08, mais ce n’est pas la seule).
Les avis divergent davantage sur les modalités d’articulation entre les sections du CNU et les établissements universitaires....
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