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"Qui, dans le PS, n’a toujours pas compris qu’il fallait une politique de rupture pour l’enseignement supérieur et la recherche ?", Henri Audier, blog Educpros, 14 juin 2011
vendredi 17 juin 2011
Je reviendrai en détail sur le programme du PS et sur le discours de Martine Aubry sur l’ES-R, comme je reviendrai sur celui des autres partis de gauche lorsqu’ils seront connus. Comme je le montrerai, le programme du PS pour l’ES-R se base sur des principes qui sont en rupture totale avec la politique actuelle, ainsi que je l’ai déjà indiqué lors du « forum » sur le sujet à Toulouse (j’y représentais Sauvons la recherche) : « Pour situer le cadre dans lequel s’intègre la critique à laquelle je vais me livrer, je voudrais dire en premier lieu que l’application de ce programme, notamment de ses principes, constituerait une rupture incontestable par rapport à la situation actuelle ».
Pourtant, parmi les collègues, y compris parmi ceux qui prévoient de voter PS ou pour un autre parti de gauche, nombreux pensent que la gauche au pouvoir ne changerait que peu ou pas la situation dans nos secteurs. Même si l’auteur ne veut pas partager ce sentiment, il souhaite dans cet article en déceler les causes afin de les combattre, persuadé que sinon elles risqueraient de rendre plausible ce pronostic.
1- La communication de Pécresse qui prétend que le PS est d’accord avec tout ce qu’elle fait
Au-delà de sa communication systématiquement mensongère sur ses budgets et sur les résultats de ses réformes, la stratégie de Pécresse vis-à-vis de la gauche est double. Le premier axe consiste à dire : « j’ai déjà fait tout ce que propose la gauche » en l’illustrant par des pseudo-mesures très « light », des ficelles imaginées par ses consultants en communication comme par exemple la création de dizaine de milliers de nouveaux boursiers … en réalité seulement dispensés de droits d’inscription, la création de 3 khâgnes entre un lycée du 9-3 et une grande université SHS : Paris 13 …, etc. Autre truc : reprendre les mots de la gauche pour les détourner (démocratisation, décloisonnement, simplification, progrès, etc.). Nous y reviendrons. Le deuxième axe, complémentaire du premier, consiste à dire que le PS ne propose rien d’autre que ce que la droite a déjà fait. Elle déclare ainsi à l’Assemblée : « Hier, j’ai eu un choc, parce que j’ai lu le programme du Parti socialiste pour l’université en 2012, qui vise à conforter l’autonomie des universités ». (…) « Alors, je suis extrêmement heureuse de voir qu’aujourd’hui vous en venez à soutenir cette réforme », a-t-elle poursuivi, concluant que, selon elle, « le programme du Parti socialiste (…), c’est un bel hommage au bilan de Nicolas Sarkozy » : voir article précédent de ce blog.
Cet art du mensonge permanent, de la confusion organisée, largement orchestré par les media qui répercutent la propagande gouvernementale sans aucune vérification, exigent pour la gauche (et donc pour le PS) une grande clarté dans l’expression et la communication. Malheureusement le message du PS est lui-même quelque peu brouillé par le fait qu’il semble s’appuyer (on l’a vu au « forum », par exemple à sa tribune) sur des membres d’institutions (CPU, régions, etc.) qui, bon gré et souvent mal gré ont, de fait, coopéré à la mise en place de la politique gouvernementale.
2- L’opinion des présidents d’université n’est pas représentative du monde de l’enseignement et de la recherche
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