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Les syndicats dénoncent la "dénaturation du métier", Aurélie Collas, Le Monde du 16 décembre 2011
jeudi 15 décembre 2011
A son arrivée, en 2009, l’équipe de Luc Chatel a reçu un avertissement du SNES-FSU, le principal syndicat des professeurs du second degré : "Deux sujets peuvent susciter chez les enseignants des réactions passionnelles : la bivalence (l’enseignement de deux disciplines) et le pouvoir hiérarchique du chef d’établissement."
Le ministère était prévenu qu’en lançant une réforme visant à confier aux principaux et proviseurs l’évaluation des professeurs, il touchait un point sensible. Si sensible que la quasi-totalité des syndicats ont appelé à la grève, jeudi 15 décembre, pour exiger le retrait du projet. La grève est suivie par 16,43 % des enseignants du second degré, selon le ministère, mais seuls sont comptabilisés ceux dont la journée débute à 8 heures. Le primaire, peu concerné par la réforme, est moins mobilisé.
L’intersyndicale, heurtée par l’"absence de concertation", refuse le "positionnement du chef d’établissement comme seul évaluateur". "Il n’a pas les compétences professionnelles pour évaluer les enseignants, dénonce Daniel Robin, du SNES. Comment un ancien enseignant de philosophie peut-il évaluer la didactique d’un professeur de sciences ?" La réforme conduirait, selon les syndicats, à une "dénaturation du métier" dans la mesure où "l’évaluation ne porterait plus principalement sur l’activité en classe".
Méthodes de gestion du privé
Le ministère a calqué sa réforme sur celle de "l’appréciation de la valeur professionnelle" des fonctionnaires, appliquée en janvier 2012. "Il s’agit d’un processus d’extension de méthodes de gestion du privé à l’administration, souligne le sociologue Luc Rouban. Jusqu’à présent, on avait écarté les enseignants de cette évolution. Derrière ce projet, il y a l’idée que les enseignants sont des fonctionnaires comme les autres."
L’évaluation par le chef d’établissement figure dans le projet de l’UMP pour 2012. Elle "sous-tend que le chef d’établissement doit être le seul maître à bord", analyse Christian Chevalier, du SE-UNSA.
La réforme a-t-elle des chances d’aboutir ? Le SGEN-CFDT, qui a suspendu son appel à la grève, dit avoir obtenu l’ouverture de négociations. L’intersyndicale, à l’inverse, soutient que le ministère ne transigera pas. Sur France Inter le 7 décembre, Luc Chatel réaffirmait qu’"il faut un patron dans un établissement".
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