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60 000 postes dans l’éducation : la gauche du PS met en garde M. Hollande, Le Monde, 17 janvier 2012
mercredi 18 janvier 2012
Sur le site du Monde
La gauche du Parti socialiste met en garde François Hollande sur une des mesures phares du candidat du parti : les 60 000 postes dans l’éducation nationale.
Les trois leaders du courant "Un monde d’avance" - Benoît Hamon (porte-parole du PS), Henri Emmanuelli (député des Landes) et Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice de Paris) - s’étonnent de la volonté du candidat PS de ne pas créer 60 000 postes stricto sensu dans l’éducation lors du prochain quinquennat mais à la place d’effectuer un "redéploiement". Cette précision n’est pourtant pas nouvelle et avait été exprimée dès la fin octobre par l’équipe de M. Hollande.
En déplacement à Gandrange (Moselle), le candidat socialiste a assuré mardi 17 janvier que "son engagement" sur les "60 000 postes" dans l’éducation "sur cinq ans" était "clair". A la question d’une journaliste lui demandant, en marge d’un déplacement, s’il entendait créer ces postes ou bien les redéployer, il a répondu : "La bonne version, c’est celle que je donnerai le moment venu au moment où je présenterai la plate-forme présidentielle". "Ce qui compte, c’est de mettre ces postes au plus près des enfants. Il y aura bien sur cinq ans ces postes là", a-t-il ajouté.
Alors que Jérôme Cahuzac, chargé de la fiscalité dans l’équipe de campagne de M. Hollande, a répété la position du candidat, lundi, sur France 2, affirmant que les 60 000 emplois dans l’éducation se feront uniquement "par redéploiement", plutôt que par des nouvelles embauches, les trois leaders du courant "Un monde d’avance" se disent "surpris" par cette interprétation.
" QUE HOLLANDE TIENNE SES ENGAGEMENTS"
"Si les 60 000 créations de postes annoncées par François Hollande ne devaient l’être que par redéploiement, cela reviendrait à réduire le service public de la santé ou de l’emploi pour consolider les moyens de l’éducation nationale. Cela n’aurait aucun sens. Un poste de professeur en plus ne peut être payé par un poste d’infirmière en moins", écrivent-ils dans un communiqué diffusé mardi. "La crise appelle la responsabilité et la crédibilité. Celles-ci se mesurent aussi à la volonté politique que l’on consacre à protéger les Français et à leur garantir l’égalité devant les services publics", concluent-ils.
"Pour nous, ce n’est pas acceptable", indique Mme Lienemann, interrogée par Le Monde. "On peut à l’évidence comprendre que tout ce qui est dans le projet socialiste ne soit pas pris en compte de A à Z. On peut comprendre que compte-tenu de la situation, tous les problèmes ne se résoudront pas en trois coups de baguette magique. Mais, quand il s’agit d’engagements que Hollande a pris lui-même, c’est son devoir qu’il les tienne. Nous attendons de Hollande une clarification. Pour l’instant, ce sont ses lieutenants qui s’expriment. On a parfois l’impression aujourd’hui que les apôtres ont l’air de prendre plus de place que Dieu le père."
LE CAMP HOLLANDE A ACTÉ UN "REDÉPLOIEMENT"... DÈS OCTOBRE
Cette sortie virulente de la gauche du PS à l’encontre du candidat de son parti étonne. Car elle survient près de trois mois après la mise au point du camp Hollande sur le sujet.
Le 9 septembre, quand il a annoncé sa mesure, M. Hollande avait promis de recréer au cours du prochain quinquennat l’ensemble des postes supprimés depuis 2007 dans l’éducation nationale. Autrement dit, ouvrir "60 000 à 70 000" postes. Le député de Corrèze avait redit six jours plus tard qu’il souhaitait recréer "60 000" postes en cinq ans au rythme de "12 000 par an". L’UMP lui avait alors intenté un procès en "irresponsabilité", jugeant la mesure trop coûteuse.
Mais fin octobre, Michel Sapin, qui est responsable du projet dans l’équipe de campagne de M. Hollande, a indiqué qu’il fallait comprendre qu’il s’agissait de recréer des postes dans l’éducation nationale, et non pas des postes de fonctionnaires en général.
"L’idée est de ne pas augmenter le nombre de fonctionnaires. Je dirai même que l’idée est de stabiliser la masse salariale de l’Etat dans le budget de l’Etat", avait expliqué M. Sapin.
Interrogé par Le Monde, l’ancien ministre des finances avait alors assuré : "François Hollande l’a toujours dit : il n’a jamais été question d’augmenter le nombre de fonctionnaires. Nous allons arrêter le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et nous le remplacerons par une appréciation raisonnable et raisonnée des besoins." En d’autres termes, dans certains services, les fonctionnaires partant à la retraite ne seront pas remplacés, mais dans d’autres, comme l’éducation nationale, le nombre des emplois sera augmenté. M. Sapin appelait cela un "transfert" ou un "redéploiement".