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Formation des profs, occasion manquée ? V. Mouloud, L’Humanité, 11 juin 20122

jeudi 14 juin 2012

Annulée par le Conseil d’État, la formation des maîtres aurait pu être profondément remaniée dès cette rentrée. Ce n’est pas le choix de Vincent Peillon.

Une occasion manquée ? Bousculé par la décision du Conseil d’État d’annuler, au 31 juillet, la réforme de la formation des maîtres, Vincent Peillon reste droit dans ses bottes. Le ministre de l’Éducation ne compte pas précipiter la refonte promise de ce dispositif très décrié. Quitte à décevoir certains syndicats. Conçue par Xavier Darcos, la mastérisation a relevé à bac+5 le niveau de formation des enseignants, tout en supprimant l’année de stage en IUFM. Depuis 2010, les nouveaux profs sont placés sans préparation devant les classes, à temps plein (18 heures de service). Le Conseil d’État a fini par invalider cette réforme. En cause : « L’incompétence du ministre de l’Éducation nationale  », Luc Chatel, qui avait signé seul les arrêtés du 12 mai 2010 sans le paraphe de son homologue, Valérie Pécresse, ayant compétence sur les IUFM. Conséquence : à compter du 31 juillet, les lauréats des concours basculent sous le régime de formation antérieur, qui leur donnait droit à un quasi mi-temps (10 heures de classe, 8 heures de formation).

Pour Vincent Peillon, cela équivaudrait à la restauration, dès septembre, de 4 000 postes pour compenser le retour des profs stagiaires à l’IUFM. Une perspective écartée rue de Grenelle, où l’on préfère, à titre provisoire, opérer une «  régularisation juridique  » des arrêtés Chatel, en attendant un remaniement en profondeur pour 2013. Un choix qui risque de décevoir. «  Les personnels ne comprendraient pas que le gouvernement (…) donne le signe de valider une réforme qu’il s’est engagé à remettre à plat  », souligne la FSU. Pour beaucoup, le ministre perd surtout une année, alors que la situation est dramatique. Notamment en termes de recrutements (1 400 postes non attribués dans le second degré en 2011, 2 000 cette année)… « On sait qu’il n’est pas possible de remettre d’un coup les 16 000 postes supprimés avec la mastérisation, mais le gouvernement aurait dû adresser un signe fort aux étudiants en instaurant une décharge horaire importante et en réhabilitant les IUFM », souligne Claire Pontais, secrétaire nationale du Snep-FSU et formatrice à l’IUFM de Rouen. Pour la rentrée 2012, le ministre aurait demandé aux recteurs de travailler sur «  une hypothèse  » de 3 heures de décharge hebdomadaire avec une journée de formation. «  Insuffisant pour inverser les problèmes  », réagit Claire Pontais.

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