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Allocation de rentrée scolaire : les élèves de lycées pro oubliés - Mediapart, Michaël Hajdenberg, 21 août 2012
samedi 25 août 2012
Une fois de plus, on les a oubliés. Les quelque 700 000 élèves des lycées professionnels (du CAP au bac Pro, dans le public et le privé) payent au prix fort la rentrée scolaire.
Bien sûr, ils bénéficieront, via leur famille, de la hausse de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), qui a commencé à être versée ce 21 août (voir sous l’onglet “Prolonger”). Pour un enfant scolarisé âgé de 15 à 18 ans, l’allocation passe de 311 à 389 euros : voilà qui couvre une plus grande partie des dépenses liées aux sacoches et autres fournitures de base.
Mais une rentrée scolaire revient bien plus cher en lycée professionnel qu’en lycée général. Si, des aides des régions voire des départements, existent pour ces fililères, elles ne couvrent pas l’ensemble des difficultés rencontrées. Or aucune mesure spécifique n’a été prévue par le gouvernement pour ces élèves.
Il faut dire que si tout le monde convient d’un réel surcoût, personne n’est en mesure de le chiffrer, ni au ministère de l’Éducation nationale, ni parmi les syndicats de lycéens, ni au sein des associations contactées. Preuve d’un certain désintérêt pour la condition de ces lycéens-là. « Le coût est nettement plus important pour eux, mais il varie selon les établissements et les spécialités. Il faudrait donc faire une très vaste enquête que nous n’avons pas pu jusqu’à présent réaliser », confie l’association Familles de France, qui a chiffré à 2,9 % la hausse des coûts de la rentrée scolaire pour un élève de 6e par rapport à l’an passé, soit 1 % de hausse par rapport à l’indice Insee à la consommation cité par le ministère. « Il y a des secteurs où les études reviennent particulièrement cher, par exemple pour les métiers de bouche. On nous a rapporté le cas d’une école qui demandait une valisette de matériel avec couteaux, qui coûtait plus de 1 000 euros. En mécanique aussi, il peut y avoir des frais importants. » Comme dans beaucoup de filières en réalité.
La promesse de campagne de François Hollande aurait pu être affinée. Au lieu de cela, le gouvernement y est allé avec les gros sabots. Tout le monde à la même enseigne. Sans résoudre les injustices préexistantes.
Bien sûr, l’ARS est une allocation sous condition de ressources : quand on a un seul enfant, il faut par exemple disposer de 23 000 euros de revenus maximum par an. Mais parmi les familles qui remplissent ce critère, aucune distinction n’est faite. Toutes touchent la même somme, qu’elles disposent de 23 000 ou de 10 000 euros de revenus.
Par ailleurs, l’ARS n’est pas versée aux parents dont les enfants ont plus de 18 ans, quand bien même ils seraient encore lycéens. Un critère difficilement justifiable, quand on sait que le taux de redoublement en France est un des plus élevés au monde : beaucoup d’élèves finissent leurs années de lycée en étant déjà majeurs.
Ce phénomène est largement surreprésenté dans les lycées professionnels : d’après l’étude récente menée par Élodie Allet et Liliane Bonnal sur près de 13 000 élèves en filière professionnelle courte (sur des données qui datent malheureusement d’il y a plus de dix ans), 52 % des élèves de ces établissements ont redoublé au collège. Sans compter ceux qui ont redoublé en primaire et en maternelle.
Autre injustice : les familles monoparentales, qui ne disposent que d’une seule source de revenus, ne sont pas spécifiquement prises en compte par l’ARS et sont traitées de la même façon que les couples. Or d’après l’étude citée plus haut, 21 % des élèves en lycée professionnel (contre 15 % en lycée général) vivent avec un seul parent.
Pour un certain nombre d’élèves en lycée professionnel, on peut donc parler de triple peine. Sans que nul sache précisément la mesurer, ce qui est le moyen le plus sûr de la prolonger.
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