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Emmanuel Zemmour : « Il y a beaucoup de points que nous avions défendus », Le Monde, 20 mars 2013.
jeudi 21 mars 2013
Propos recueillis par Nathalie Brafman
Pourquoi l’UNEF soutient-elle le projet de loi présenté par Geneviève Fioraso ?
Si elle n’est pas révolutionnaire et ne va pas régler tous les problèmes que connaissent les étudiants, en particulier le manque de réussite, c’est la première fois qu’une loi est pensée pour les étudiants.
Quelles mesures vous semblent être une rupture totale ?
L’instauration d’un cadrage national des diplômes va mettre fin à la liberté d’initiative des universités de créer dans leur coin leurs propres cursus. Cette disposition est une vraie rupture avec l’autonomie des universités. Elle est la condition sine qua non pour réformer la licence. Le principal problème de l’université, c’est l’ultraconcentration des moyens sur quelques filières, par exemple le droit et le master 2, outil d’attractivité des universités.
Et la pluridisciplinarité et la spécialisation progressive...
Aujourd’hui, la pluridisciplinarité est l’apanage des filières les plus élitistes : le droit et les classes prépa. Et le choc entre la terminale et la première année de licence est violent. Demain, l’écart entre les enseignements dispensés sera moins fort. La spécialisation progressive permettra de multiplier les passerelles. Aujourd’hui, les étudiants sont enfermés dans une filière et ne peuvent en sortir.
Cette loi remet-elle les étudiants en position de force dans les universités ?
Absolument, et c’est une bonne nouvelle ! Les présidents ont tout fait pour s’émanciper de la contrainte étudiante en se focalisant sur les classements internationaux, les crédits d’excellence et la manière d’attirer les meilleurs élèves. Or la réussite de l’université française ne peut pas se réduire à sacrifier 80 % des étudiants pour faire venir 20 % des meilleurs. Désormais, le conseil des études et de la vie universitaire [où siègent 40 % d’étudiants] aura son mot à dire sur les maquettes d’enseignements. Il sera aussi décisionnaire en termes de modalités d’examens.
Finalement, c’est une loi pour l’UNEF...
Il y a en effet beaucoup de points que nous avions défendus. Mais si cette loi a tout pour améliorer la réussite des étudiants, elle doit aussi s’accompagner de mesures sociales. Il sera injustifiable de dire qu’à cause de la rigueur le gouvernement ne peut rien pour les étudiants.
Nathalie Brafman