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"Des lacunes dans le texte de Fioraso", V. Soulé, S. Huet, Libération, 19 mars 2013.
samedi 23 mars 2013
Le projet de loi mêle pour la première fois enseignement supérieur et recherche, mais présente des limites.
Le projet de loi de Geneviève Fioraso est le premier à inclure à la fois l’enseignement supérieur et la recherche, jusqu’ici objets de textes séparés. La preuve pour la ministre que les deux sont indispensables au redressement productif de la France, grâce à des jeunes mieux formés et à l’innovation. Passage au crible du texte et de ses limites .
Priorité à la réussite étudiante
Geneviève Fioraso a fait de « la réussite de tous les étudiants », avec la relance de la démocratisation du supérieur, l’une de ses grandes priorités. La France reste loin de l’objectif européen de 50% d’une classe d’âge au niveau licence. En plus, l’origine sociale pèse encore très lourd dans la réussite étudiante. La mesure phare est l’orientation prioritaire des bacheliers professionnels vers les sections de techniciens supérieurs (STS), et des bacheliers technologiques vers les instituts universitaires de technologie (IUT). Ces deux formations courtes ont été peu à peu accaparées par des bacheliers généraux voulant éviter les premiers cycles universitaires. Dans chaque académie, les recteurs devront établir des quotas par formation - en fait une fourchette de pourcentages de pros et de technos en STS et en IUT.
Le texte se prononce aussi pour une liaison plus étroite entre le lycée et le supérieur - le « bac plus trois, bac moins trois », critiqué par certains, qui craignent que l’université devienne un sous-lycée -, pour une plus grande ouverture au monde économique avec davantage de stages, ou pour une refonte de la licence avec une spécialisation progressive, les deux premières années restant assez générales. Des organisations étudiantes comme l’Unef saluent cette évolution.
L’allocation d’étude remise à plus tard
C’était l’une des grandes promesses de François Hollande. Mais avec la crise, la perspective s’éloigne sérieusement. Même si le sujet ne devait pas passer par la loi, le texte n’y fait aucune allusion. Interrogée lundi, Geneviève Fioraso a répondu avoir reçu le feu vert « pour une mission d’évaluation » des aides étudiantes actuelles - essentiellement les bourses, l’allocation logement et la demi-part fiscale(la réduction d’impôt des parents déclarant un enfant étudiant). « On a un quinquennat » pour parvenir à cette allocation, a précisé la ministre, qui a ajouté : « Il faut espérer qu’avec le retour de la croissance, on pourra engager des discussions sur un redéploiement de ces aides ». Certains proposent un plafonnement de l’avantage fiscal, qui profite surtout aux familles aisées, et le transfert des sommes dégagées vers la future allocation. Mais le sujet est ultrasensible, et la ministre a préféré ne pas s’engager sur ce terrain.
L’autonomie version PS
« L’autonomie [des universités], c’est bien, a souligné Geneviève Fioraso, notre gouvernement tout comme le PS y sont favorables, mais pas celle qui a été mise en place sous Nicolas Sarkozy. Nous, nous sommes pour une autonomie avec le retour d’un Etat stratège responsable, qui ne laisse par les choses dériver », comme durant le précédent quinquennat.
Le projet de loi propose de corriger les imperfections et les manques de la loi sur l’autonomie des universités (LRU) de l’ex-ministre Valérie Pécresse. Il assure réinsuffler de « la collégialité » et de « la démocratie » au sein des établissements. Mais les opposants à la LRU estiment qu’il a surtout cédé aux demandes des présidents d’université, soucieux de préserver tous leurs pouvoirs, et aussi des étudiants. Le texte veut, enfin, simplifier un paysage devenu illisible, avec des sigles à foison, en créant notamment des regroupements baptisés « communautés d’universités et d’établissements ». Mais la description qui en est faite est confuse.
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