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"Étudiants étrangers : ce que prépare Manuel Valls", Marie-Christine Corbier, Les Échos, 25 mars 2013.
mercredi 27 mars 2013
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Le gouvernement veut à la fois mieux les accueillir et les sélectionner davantage.
Comment restaurer l’image de la France auprès des étudiants étrangers ? A gauche, on la juge encore très « abîmée » malgré l’abrogation en mai dernier de la circulaire Guéant, qui restreignait la possibilité, pour des diplômés étrangers, d’obtenir un statut de salarié en France après leurs études. Les étudiants étrangers rencontrent encore aujourd’hui de réelles difficultés à renouveler leur visa. Une réflexion est en cours au sein du gouvernement, alors qu’un projet de loi sur l’immigration légale est attendu avant l’été.
« Rien n’est arbitré », assure-t-on au cabinet du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Dans un document confidentiel que « Les Echos » se sont procuré, la Place Beauvau dresse néanmoins des pistes pour l’accueil des étudiants étrangers. A commencer par la mise en place d’un titre de séjour pluriannuel. Le dispositif actuel, réservé à des étudiants à « haut profil », pourrait être « redynamisé ou modifié afin d’augmenter le nombre de bénéficiaires ». Une autre piste évoquée serait l’obtention « simplifiée », pour les étudiants, d’un « titre de séjour à vocation professionnelle pour travailler en France ».
Mais pour quels étudiants étrangers ? Le document du ministère de l’Intérieur pose clairement la question de leur sélection. « Un lien direct pourrait être réalisé avec les débouchés et les besoins de notre économie pour mettre en place un accès simplifié à notre marché du travail à l’issue des études », indique-t-il en évoquant une politique d’accueil conciliable avec « la promotion de la francophonie ou les intérêts internationaux des entreprises françaises ».
Vers un système à points
Faut-il privilégier les étudiants de certains pays émergents ? « La question n’est pas tranchée », répond-on au cabinet de Manuel Valls. Mais le document plaide pour « la participation active et renforcée à la formation des nouvelles élites, en particulier issues des pays émergents », au motif qu’elle est « devenue une condition de la compétitivité mondiale de la France ». La sélection des étudiants pourrait s’opérer via « un système de permis à points » censé arbitrer entre les différents profils de jeune diplômé.
La question du financement n’est pas évacuée. Le coût global de l’immigration estudiantine est de l’ordre de 2,9 milliards d’euros par année universitaire, selon le ministère de l’Intérieur. Où l’on juge important de « lier ces coûts à un éventuel "retour sur investissement" ». Le ministère s’interroge sur le fait de savoir s’il faut ou non « rentabiliser » davantage leur accueil et leur formation, en modulant par exemple les frais de scolarité.
Ouvrir un débat sur l’immigration professionnelle avec un taux de chômage de 10 % n’est pas chose aisée. Mais le ministère de l’Intérieur a déjà affûté ses arguments : « satisfaire les besoins de main-d’oeuvre non pourvus », « participer au développement économique du pays », « générer le paiement d’impôts et de cotisations »…