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Middlesex près de chez vous - Communiqué de Sauvons l’Université, 14 mai 2010

vendredi 14 mai 2010

Lire aussi, en documents joints :

- la motion du laboratoire PRINTEMPS
- le courrier concernant la Direction Globale de Gestion adressé à la direction de l’INSHS du CNRS
- un texte de Michèle Lauton, concernant le plateau de Saclay, p. 17 du Bulletin du SNES-UP

Middlesex près de chez vous.

La fin des disciplines à l’Université de St Quentin
en Yvelines : quels enjeux ?

Que se passe-t-il à St-Quentin-en-Yvelines ?

Restructurations et passages en force : éclatement de l’UFR SSH en micro-instituts-UFR définis en fonction d’axes thématiques (Institut d’Etudes Culturelles, Institut des langues et des études internationales, Institut Supérieur de Management), « Délégation globale de gestion » imposée à l’Unité Mixte de Recherche de sociologie, contre la volonté du laboratoire et aux dépens, donc, du CNRS… La lisibilité de ces mesures imposées au knout n’est pas immédiate : alors que partout ailleurs, c’est le regroupement et la « taille critique » qui prévalent, à Saint-Quentin en Yvelines, on se divise : les départements s’autonomisent, s’atomisent, et l’UFR des Sciences Sociales et des Humanités se trouve aujourd’hui réduite, de fait, à la sociologie, à l’économie et à la géographie...

Evaluée à l’échelle des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur et de la juteuse opération du « plateau de Saclay », conjuguée au clientélisme structurel induit par la LRU, cette nouvelle façon de réformer prend sens cependant :

- l’éclatement des structures permet dans un premier temps de remplacer leur définition et leur structure disciplinaires par des axes thématiques : ceux-ci excluent tout un ensemble de contenus, de savoirs, de pistes dans les disciplines concernées d’une part (sans possibilité de retour en arrière, qui plus est, puisque les axes « chapeautent » les regroupements d’enseignants-chercheurs et de chercheurs) ; ils impliquent d’emblée un pilotage politique de la recherche, de ses découpages, de son interaction avec les formations en outre ; et ils rendront définitivement plus aisé ce pilotage. Il n’est que de comparer l’importance éclatante accordée par l’ANR au financement de la recherche sur projets et à la définition de ces projets en fonction d’axes thématiques pour mesurer le sens politique de cette destruction du « disciplinaire » et de son remplacement par le « thématique ».

- dans un second temps, il est plus que probable que ces « instituts », qui vont travailler qui sur « études culturelles », qui sur « les enjeux éthiques de la science », qui sur « l’histoire des progrès de l’humanité » (soyons fous) … auront le format adéquat à leur intégration dans des unités plus grandes, majoritairement pilotées et organisées autour des sciences « dures », ces sciences qui font l’essentiel du plateau de Saclay . Ce qui est en jeu, ce n’est donc rien moins que l’instrumentalisation à très brève échéance des anciennes sciences humaines et sociales par les sciences "dures". Les politiques territoriales ou les intérêts économiques et organisationnels à court terme des entreprises, liés aux partenariats public-privé noués à cette occasion, auront également leur mot à dire.

Structures administratives, partages épistémologiques des formations et de la recherche et contrôle politique de celles-ci ont donc plus que partie liée dans cette affaire. Il n’est assurément pas facile de construire une réponse efficace et précise à un réformisme autoritaire. Mais que l’UMR de sociologie PRINTEMPS (Professions, Institutions, Temporalités) ait entamé des démarches auprès des conseils centraux de l’université de Saint-Quentin pour dénoncer son transfert brutal sous gestion universitaire – c’est-à-dire la perte programmée de la tutelle du CNRS – est assurément préférable à l’auto-dissolution d’une UFR, qui croit ainsi suivre le "mouvement".

Ce dont on prend la mesure dans ces actes de brutalité gestionnaire et managériale était lisible bien avant dans les discours : la dévaluation des SHS et de leur autonomie était perceptible dans les discours de célébration des 70 ans du CNRS, tout comme leur instrumentalisation par la « science » s’étale dans le premier rapport d’étape du CDHSS. La double tutelle des UMR, l’existence d’une UFR forte – autant de structures qui constituaient de véritables forces démocratiques de décision, voire d’opposition à l’intérieur des universités : voilà ce que la nouvelle « gouvernance » doit détruire.

L’université de Saint-Quentin-en-Yvelines montre comment les discours passent dans les structures : ce 12 mai, le dernier rempart démocratique d’envergure de l’Université tombe.

Vive le thématique, vive le management, vive la LRU !

Sombre printemps.