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Parité à l’université : "la loi ESR n’est qu’un trompe-l’œil" - VousNousIls, 25 avril 2013

dimanche 5 mai 2013, par Mariannick

Seules neuf femmes pré­sident les 80 uni­ver­si­tés fran­çaises, contre 14 en 2008. Anne Fraïsse, pro­fes­seure de latin, à la tête de l’université Montpellier 3 depuis avril 2008, estime que le pro­jet de loi ESR ne par­vien­dra pas à inver­ser la tendance.

Les femmes ne repré­sentent que 6 % des diri­geants d’établissements d’enseignement supé­rieur en France, selon un récent rap­port de la Commission euro­péenne. Pourquoi cette pro­por­tion est-elle si faible ?

Les causes sont mul­tiples. C’est d’abord le résul­tat de la faible part des femmes dans le corps ensei­gnant à l’université : les pré­si­dentes actuelles, dont je fais par­tie, viennent presque toutes des filières lettres et sciences humaines. De la même façon, nous remar­quons un nombre plus élevé de femmes que d’hommes en pre­mière année uni­ver­si­taire. Mais, au fil des années, la pro­por­tion s’inverse. Autre fac­teur : après avoir fait des études longues, les femmes veulent sou­vent des enfants or une vie de famille est dif­fi­ci­le­ment conci­liable avec un man­dat de pré­sident d’université. D’autant plus que nos mis­sions se sont alour­dies avec la LRU.

A l’échelle de l’Union euro­péenne, la pro­por­tion de pré­si­dentes d’universités est de 15,5 %. La France est der­nière du clas­se­ment, loin der­rière la Norvège (31,8%). Comment l’expliquez-vous ?

Pour les mêmes rai­sons. Je ne crois pas qu’il y ait un dés­in­té­rêt des femmes pour la fonc­tion de pré­si­dente. Mais c’est un fait : le sys­tème uni­ver­si­taire fran­çais accuse un retard sur la parité. Les men­ta­li­tés doivent encore évoluer, car pour élire une pré­si­dente d’université, encore faut-il que des femmes se présentent !

Une charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes à l’université été signée le 28 jan­vier et le pro­jet de loi ESR pré­voit de garan­tir la parité dans les listes de can­di­dats aux conseils d’administration des uni­ver­si­tés. Est-ce suffisant ?

Vouloir garan­tir la parité dans les listes est une dupe­rie. C’est mécon­naître le fonc­tion­ne­ment des élec­tions à l’université car, en géné­ral, des « par­ties » de listes sont élues, ce qui ne garan­tit pas la parité. De plus, les per­son­na­li­tés exté­rieures nom­mées au sein du conseil d’administration ne sont pas sou­mises à cette règle. C’est une loi en trompe-l’œil qui risque même d’aggraver la situa­tion car nous sommes déjà sou­mis au res­pect d’une loi sur la parité qui vise, à terme, 40% de femmes au sein des conseils d’administration. Il faut agir sur la com­po­si­tion finale des conseils et non pas sur les listes ! Il faut agir en amont et per­mettre aux col­lègues femmes de par­ti­ci­per aux dif­fé­rents conseils universitaires.

Considérez-vous qu’être femme a été un han­di­cap dans votre car­rière ? A quelles dif­fi­cul­tés avez-vous été confrontée ?

Non, je n’ai eu aucun pro­blème et je n’en ai jamais souf­fert ! J’ai été direc­trice d’UFR pré­cé­dem­ment et il y a tou­jours eu une alter­nance natu­relle au sein de mon uni­ver­sité. On ne m’a jamais fait sen­tir qu’être femme était un han­di­cap. En revanche, quand je me retrouve la seule femme en réunion de tra­vail, cela devient un pro­blème. Quand on est deux femmes, on n’y fait pas atten­tion mais seule cela fait un peu espèce en voie de disparition...

Lire la suite de l’entretien avec Charles Centofanti ici