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Pétition pour la reconnaissance du Théâtre et de la Danse dans la nomenclature nationale des diplômes -

dimanche 15 décembre 2013, par Mariannick

LE THÉÂTRE ET LA DANSE VALENT BIEN DEUX MASTERS

À l’attention de Madame Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) envisage de supprimer de la liste des diplômes de master la mention « Théâtre » et la spécialité « Danse », proposées par de nombreuses universités, au profit d’intitulés très généraux : « Arts du spectacle » ou « Arts de la scène et du spectacle vivant ». Des mentions aussi vagues porteraient préjudice aux études et recherches concernées. Elles rendraient illisible le contenu disciplinaire de ces formations. En licence, la formule « Arts du spectacle » englobe ensemble le cinéma et les arts de la scène, tandis qu’en master, « Cinéma et audiovisuel » bénéficient d’une mention indépendante. Le théâtre et la danse seraient ainsi dissous alors qu’ils se distinguent clairement – à l’instar de la musique – dans les métiers et les secteurs relevant du spectacle vivant.

Cette confusion ferait fi de l’étendue d’un tel domaine, qui représente environ 250.000 emplois et six milliards d’euros de chiffre d’affaires (sans compter les activités connexes) selon une étude récente, et joue un rôle essentiel pour la vitalité de nos cités et le dynamisme de nos territoires. Elle constituerait un signe de dédain de l’État envers les savoirs théoriques et pratiques bien spécifiques que requièrent les différents métiers du théâtre, de la danse et des autres arts de la scène, au moment où de solides partenariats entre universités, écoles supérieures d’art dramatique, écoles supérieures de danse, conservatoires et autres institutions du spectacle vivant, mais aussi entre formations universitaires et enseignement secondaire, attestent la pertinence pédagogique et les débouchés professionnels de nos cursus, en dialogue avec le ministère de la Culture et de la Communication.
L’ignorance de la spécificité de nos disciplines, incompréhensible à ce niveau élevé de diplôme, occulterait en outre l’ampleur et la qualité des travaux scientifiques qui, depuis une cinquantaine d’années, ont établi sur des bases solides la particularité de ces arts, tenant à la présence vivante des interprètes et à leur relation réflexive avec les spectateurs. Leur identité doit être reconnue pour qu’ils puissent échanger ensemble, ainsi qu’avec les autres arts.

Le souci de conférer davantage de cohérence et de lisibilité à l’offre publique d’enseignement supérieur, que nous partageons, ne saurait conduire à l’écrasement de spécialités clairement identifiées dans la plupart des systèmes universitaires du monde actuel (Theater Studies & Dance Studies, Theaterwissenschaft & Tanzwissenschaft…), où les études théâtrales et chorégraphiques françaises jouissent d’un prestige incontesté. L’administration ne saurait faire la sourde oreille à ces arguments, dûment exposés dans le cadre d’une procédure de concertation. Elle ne peut nier l’existence, les acquis et les nécessités de filières patiemment construites, correspondant à la réalité effective de deux champs artistiques et scientifiques qui ont conquis leur autonomie, par rapport à la littérature comme vis-à-vis de la musique. Le théâtre n’est pas la danse et c’est pour cela que ces arts peuvent dialoguer. Chaque grande discipline des Arts mérite la reconnaissance d’un diplôme à l’instar de celles du Droit (qui admet plus d’une vingtaine de mentions différentes), tout comme les Études de genre au sein des Sciences sociales, ou l’Éthique et l’Esthétique en Philosophie.

C’est pourquoi nous, chercheurs et enseignants, artistes et praticiens de la scène ou du plateau, responsables institutionnels, étudiants et diplômés de ces disciplines, exigeons l’inscription de deux masters distincts « Théâtre et arts de la scène » et « Danse » dans la nomenclature nationale des diplômes, au même titre que « Musicologie », « Arts plastiques », « Patrimoine et musées », « Cinéma et audiovisuel », « Audiovisuel, médias interactifs numériques, jeux », « Création numérique », « Humanités et industries créatives », « Design » ou « Mode », qui y figurent déjà.

Pour lire et signer la pétition, prendre connaissance de la liste des premiers signataires, c’est ici