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Recherche : injonctions d’un VP - Pierre Dubois, Histoires d’Universités, 12 juin 2015

samedi 13 juin 2015, par Mr Croche

Soyez bêtes et taisez-vous ! Aux ordres !

A lire sur le blog Histoires d’Universités

Université Pierre et Marie Curie (UPMC).

Michel Labouesse, polytechnicien devenu directeur de recherche au CNRS, est directeur de l’IBPS. L’Institut de Biologie Paris-Seine, créé le 1er janvier 2014, concentre l’ensemble de la recherche en biologie du campus Jussieu ; il regroupe plus de 500 personnes réparties dans 5 unités et 5 plateformes technologiques (organigramme).

Dès sa nomination en tant que directeur de l’IBPS et à l’occasion de l’élaboration du règlement intérieur de l’Institut, Michel Labouesse a été confronté à un sérieux problème de gouvernance : quels sont les pouvoirs du directeur ?

Il propose, dans le règlement intérieur, un modèle de gouvernance traditionnel dans le monde des grands organismes de recherche : on décide après de larges consultations des instances et en recherchant le consensus.

Ce modèle ne plaît pas du tout à Paul Indelicato, ENS, directeur de recherche au CNRS, vice-président Recherche et Innovation de l’UPMC. Lettre d’injonctions à Michel Labouesse : le règlement intérieur que vous nous avez soumis est inacceptable en l’état… Le directeur doit avoir un vrai pouvoir de décision… Modèle de fédération renforcée… Le directeur décide et dirige…

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Ce vif échange entre deux sommités scientifiques n’est pas anecdotique. Il est symptomatique d’une évolution de fond de la gouvernance des établissements d’enseignement supérieur et de recherche : une ligne hiérarchique allongée parce que les organisations sont de plus grande taille (à l’issue de regroupements, de rapprochements, de fusions), un modèle de collégialité moribond qui ne peut pas fonctionner à chaque niveau de l’organigramme (trop de temps, lenteurs de la décision).

Une organisation top-down est mise en place (désignation par le haut et non plus élection des responsables). Un monde d’opérateurs voit le jour : le directeur, nommé par des « tutelles », décide et dirige ; les salariés, fussent-ils des chercheurs de haut niveau international, doivent obéir. Soyez bêtes et taisez-vous ! Aux ordres !