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"Le CNRS soumis au rapport" par Sylvestre Huet, "Sciences2", blog du Monde, 18 janvier 2017

jeudi 19 janvier 2017, par Laurence

Ce matin, Alain Fuchs, le président du CNRS, a délivré un message lors de ses vœux annuels. Pas vraiment subliminal. Et en direction des responsables politiques. D’abord sous la forme de piques vigoureuses lors de son discours. Regrettant vivement que la plupart des responsables politiques aient une image aussi négative de la recherche française alors qu’elle vient de connaître une décennie faste, avec un nombre de Nobel qui ne se compare qu’aux années 1900-1913. Et des médailles Fields à la pelle en mathématiques. Et « pourtant, avec seulement 2,2% du PIB consacré à la R&D contre 3% en Allemagne ». Et de réclamer un Etat qui se gargarise moins de « stratégie » mais qui serait moins chiche en crédits et en « confiance de long terme accordée à ses chercheurs dont la mission est d’explorer l’ensemble des fronts de la connaissance ».

Mais le message a également pris la forme d’un « rapport d’évaluation scientifique » du CNRS par un Comité consultatif (1) dirigé par Rémi Quirion, scientifique en chef auprès du gouvernement du Québec. Un rapport qui, sous couvert d’analyse des forces et faiblesses du principal organisme de recherche public, sonne l’alerte sur ses moyens. Et met en demeure le gouvernement futur de lui donner des crédits supplémentaires – estimés entre 300 et 400 millions d’euros annuels hors salaires –, si l’on veut éviter, selon le mot d’Alain Fuchs que la science française « décroche » dans la compétition internationale.

Nommé par la droite, confirmé par la gauche, Alain Fuchs n’avait pas vraiment secoué le cocotier durant ses deux mandats. Pour la fin – peu probable qu’il soit reconduit –, il s’est donc un peu lâché (lire ici sur la stratégie nationale de la recherche lors d’une audition à l’Assemblée nationale). Avec ce rapport, dont nul ne doutera que, s’il n’a pas été dicté par le commanditaire, c’est en anticipant son contenu qu’Alain Fuchs a décidé de lancer cette opération, il s’agit d’une sorte de « testament », au moment du bilan des dix ans de réforme du système de recherche et universitaire par la droite – Chirac puis Sarkozy –, confirmé pour l’essentiel par François Hollande.

L’enjeu ? Le CNRS est le principal outil de la nation pour sa recherche de base. Par ses personnels direct (15 000 ingénieurs et techniciens, 12 000 chercheurs). Sa gestion des grands équipements, son implantation régionale. Mais aussi par l’incorporation dans ses équipes de dizaines de milliers d’universitaires (deux fois plus nombreux que les chercheurs payés par le CNRS) de doctorants et post-doctorants. Son mode de recrutement, par concours national ouvert à l’international (25 à 30% des nouveaux recrutés ne sont pas français depuis plusieurs années), et son « offre » attractive d’un poste stable (25 candidats par poste ouvert, mais une attractivité menacée par des salaires trop bas et un âge d’entrée qui s’élève année après année). Autrement dit : la performance du système de recherche public dépend en grande partie du bon ou du mauvais fonctionnement de l’organisme et des moyens qui lui sont attribués.

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