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Rythmes scolaires : à Marseille, Gaudin fait le choix du chaos - L. Delaporte, Mediapart, 30 août 2014

samedi 30 août 2014

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À Marseille, la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires risque de virer au cauchemar en cette rentrée. La mairie, qui a hâtivement commencé à travailler cet été à un projet d’organisation, vient de l’annoncer : rien n’est prêt. Les parents sont donc priés de venir chercher leurs enfants le vendredi midi.

C’est ce qui s’appelle faire l’impasse. À quelques jours de la rentrée, la mairie de Marseille s’est décidée à lever le voile sur ce qu’elle a préparé dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires qui s’applique dans toutes les villes cette année. Et la réponse tient presque en un mot : rien. La réforme a eu beau monopoliser depuis deux ans le débat politique sur l’école, Marseille – deuxième ville de France – n’a tout simplement rien prévu pour le passage de la semaine à 4,5 jours. Au risque de provoquer une rentrée cauchemardesque.

« On fera une bonne rentrée scolaire malgré les conditions défavorables qui nous sont imposées », a tenté de minimiser le maire UMP Jean-Claude Gaudin, lors d’une conférence de presse ce 25 août. La mairie a choisi de s’inscrire dans le décret dérogatoire de Benoît Hamon, avec un temps d’activités périscolaires regroupé sur le vendredi après-midi. Elle ne proposera aucune activité pour l’instant et même aucune solution alternative de garde des enfants.

Le vendredi, les parents marseillais sont donc invités à reprendre leur enfant à 11 h 30 ou 13 h 30 après la cantine. Quelques centres de loisirs seront certes ouverts pour faire de la garderie, mais rares seront les familles pouvant en bénéficier compte-tenu de la très faible capacité d’accueil dans cette ville qui n’a jamais investi ce secteur. À titre d’exemple, dans les 2e et 3e arrondissements, la maire PRG Lisette Narducci a d’ores et déjà prévenu que, dans son secteur, seules 500 places seraient disponibles pour 7 000 enfants.

L’organisation du mercredi s’avère tout autant acrobatique. Aucune jonction n’est assurée entre la fin de l’école, à 11 h 30, et l’ouverture des quelques centres aérés à 13 h 30, et il n’y aura de toutes façons pas de cantine. Aux parents de se débrouiller. La mairie a bien évoqué le principe d’une garderie entre 11 h 30 et 12 h 30, assurée par des enseignants volontaires, mais là encore l’improvisation paraît totale. « Les enseignants n’ont jamais été consultés à ce sujet », précise Sébastien Fournier, représentant du Snuipp pour les 13e et 14e arrondissements. « Mais c’est la stratégie de Gaudin. Si ça ne marche pas, on pourra toujours dire que c’est la faute des enseignants !  »

Du côté des parents, une certaine incrédulité domine. «  Ils ont eu deux ans pour mettre en place cette réforme. C’est complètement irresponsable et scandaleux », estime Jean-Philipe Garcia, président de la FCPE 13.