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« Le principe de cette réforme, c’est de sacrifier la formation sur l’autel de la rigueur budgétaire » - tchat avec Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT, Libération.fr, 30 juin 2010

mercredi 30 juin 2010

Prof. En quoi la réforme est-elle synonyme de profs moins préparés ?

Thierry Cadart. Cette réforme a été annoncée en juin 2008, avec le prétexte d’élever le niveau de qualification des enseignants au niveau master, ce qui, en soit, n’est ni scandaleux, ni idiot. Mais, très vite, on a vu derrière ce projet se pointer, à la fois, la volonté d’en finir avec les IUFM, et de faire avaler plus commodément les suppressions de postes programmées. Au final, nos collègues, qui vont entrer dans le métier en septembre, ne bénéficieront pratiquement plus de formation professionnelle.

Dixsurdix. Savez-vous en quoi vont consister les stages ?

Aujourd’hui, ce qui est dramatique c’est que personne n’est en capacité de répondre à cette question, parce que tout au long du processus, les ministères n’ont pas arrêté d’improviser.

Concrètement, il y a deux sortes de stages. Les stages avant le recrutement, dans le cadre des masters, qui doivent se mettre en place à la rentrée prochaine. Pour ceux-là nous avons des informations très diverses, selon les académies et selon les universités. Mais on peut relever que, très souvent, il y a une absence de concertation entre les universités, les IUFM, et les rectorats. Ce qui est, pour le moins, problématique.

On parle aussi de stages pour les lauréats du concours qui concernent des professeurs stagiaires. Nous avons obtenu, par nos mobilisations du printemps 2009, que ces collègues bénéficient d’un tiers-temps de formation. Le plus souvent pour les collègues du second degré, ce tiers-temps se transforme par un tiers de temps en plus du temps de service. Il y a là, non seulement une rupture de promesse, mais toutes les conditions réunies pour que nos jeunes collègues se trouvent dans des situations inextricables.

Petitpois. Qu’est-ce que ça va changer pour les étudiants qui sont déjà en IUFM ?

Kiki. Est-ce qu’il existera toujours un concours d’entrée à l’IUFM ?

Comme je le disais, un des objectif de la réforme était de venir à bout des IUFM. Au moins cet objectif-là est presque atteint ! Il n’y aura plus de concours de recrutement dans les IUFM, il faudra s’inscrire à la préparation d’un master. Le plus souvent, un master préparant au métier de l’enseignement, mais ce ne sera pas obligatoire.

Dans les faits, il faut distinguer premier et second degré. Le plus souvent, les universités délèguent à ce qu’il reste des IUFM la préparation du concours du premier degré. Pour le second degré nous avons, soit de simples aménagements des masters existants par discipline, soit une proposition de master revisité pour préparer les enseignants à leur futur métier.

Les universitaires ont toujours émis des craintes sur la possibilité de mener de front, préparation au métier, préparation d’un master, et préparation au concours. Dans certains endroits, malgré ces contraintes, les maquettes proposées sont très intéressantes. Ma crainte principale, vu la nature des épreuves de concours, essentiellement disciplinaires, c’est que les masters disciplinaires finissent par s’imposer comme le meilleur moyen de réussir le concours, et tant pis pour la formation professionnelle. C’est ce qu’ont bien compris certaines officines privées, qui veulent délivrer « le kit de survie » aux futurs collègues.

Maxime. Que vont devenir les étudiants ayant le master enseignement mais qui ont échoués au concours ?

Il faut commencer par reconnaître que cette question se posait également dans le système précédent. La différence principale, c’est que le recul dans le cursus de la place du concours, rend en quelque sorte l’engagement plus lourd, et donc plus cruciale la question d’une éventuelle reconversion.

Pour nous, la question ne peut se résoudre que dans le cadre d’une véritable évaluation et reconnaissance de toutes les composantes du métier d’enseignant. A partir de là, il serait sans doute possible d’envisager un parcours qui se réoriente vers d’autres métiers assez proches (formateur, animation d’équipes...). Mais, dans le cadre de la réforme actuelle, on ne voit pas quelle autre possibilité à offrir que de repasser le concours ou candidater au recrutement des contractuels.

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Voir en ligne : http://www.liberation.fr/societe/12...