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Tuyaux d’étudiants contre la « légende » d’égalité des chances - Sophie Verney-Caillat, Eco89, 26 août 2010

jeudi 26 août 2010

« Un Nutella par-ci, une petite bière par-là. » Nos riverains font le (mince) porte-monnaie de leur rentrée universitaire.

Un soupçon d’aide au logement (APL), une lichette de petits boulots et une bonne dose d’aide parentale, voici la recette lambda du porte-monnaie de l’étudiant, selon les témoignages déposés sous notre article sur le coût de la rentrée universitaire. Avoir une bourse ne suffit pas toujours, le mieux étant souvent un salaire d’apprenti. Revue des meilleurs tuyaux de nos riverains pour bien gérer son porte-monnaie.

Le gouvernement vient de renoncer à interdire le cumul de la demi-part fiscale et des aides au logement étudiant, ce qui soulagera les jeunes concernés, très attachés à cette aide, qui représente souvent 20% de leurs revenus.

Très serré, le budget de l’étudiant a besoin d’aides exceptionnelles pour faire face à la rentrée, à son inscription à la fac, à la sécu (sauf pour les boursiers échelon zéro), à ses achats de bouquins et de meubles… Sans parler de la caution pour louer l’appartement, car les dispositifs d’avance d’argent comme Loca-Pass ne sont pas généralisés.

Le budget sorties, compliqué à chiffrer, est à géométrie variable. « Plus la ville est petite, moins le budget “sorties” flambe… », remarque notre riveraine Solstice, maman de deux étudiants. Et mamoney dit pourtant se débrouiller avec 30 euros par mois pour « beaucoup de sorties ».

Certains arrivent à épargner pour les vacances -50 euros par mois en général-, mais beaucoup se disent souvent à découvert.

Ni misérabilistes, ni chouineurs, nos riverains étudiants sont très reconnaissants vis-à-vis de leurs parents et se bougent souvent pour améliorer leur pouvoir d’achat. Ils regrettent juste les « effets de seuil » des bourses qui excluent parfois de peu, parce qu’un frère sort du lycée ou que les parents sont divorcés…

Pragmatiques, ils savent trouver des formations rémunérées. Habitués à recevoir des aides au logement, ils les considèrent comme un dû, à cause du déficit chronique de logements étudiants.

« Je suis non-boursière car mes parents sont divorcés »

Lucy, en master 2, vit à Lille et paye 310 euros de loyer en colocation -électricité et eau incluse. Elle est l’exemple qu’en province, se loger est bien moins problématique qu’à Paris -où le loyer est rarement en deçà de 500 euros :

« Mes parents me donnent 800 euros par mois. Je suis plutôt privilégiée dans la mesure où ils peuvent me financer grâce à la retraite militaire de mon père.

Le seul problème est lorsque l’on a des surprises qui deviennent ingérables : EDF qui vous sort 400 euros de plus sur une facture sortie d’une boîte magique ou un re-calcul de la taxe d’habitation… »

Lu-cie, étudiante de deuxième année en Lettres modernes, vit avec 570 euros par mois, ce qui est dans la fourchette très basse du système de bourse. Elle y signale une petite absurdité :

«  Je suis non-boursière car mes parents sont divorcés et que le jugement de divorce mentionne, dans la case “mode de garde”, “garde alternée”. Cela signifie que le revenu des parents, et celui de leur époux en cas de remariage, sont pris en compte. Il y a donc trois revenus de comptabilisés sur mon dossier Crous. »

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