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"Chercheurs et enseignants sont inquiets de l’avenir de l’université" - VousNousIls, 9 mai 2014

vendredi 9 mai 2014, par Elisabeth Báthory

Les per­son­nels, ensei­gnants et cher­cheurs de l’université sont inquiets pour l’avenir du ser­vice public. Et ils le disent. Commentaires de Claudine Kahane, co-secrétaire géné­rale du SNESUP-FSU.

La péti­tion lan­cée en avril der­nier « Le chan­ge­ment à l’Université et dans la Recherche, c’est main­te­nant ? », viru­lente à l’égard de la poli­tique menée par le gou­ver­ne­ment, a été signée par plus de 11 000 per­sonnes à ce jour. Que vous ins­pire cette mobilisation ?

C’est un signe posi­tif : au-delà de la ques­tion de l’attitude de Geneviève Fioraso à l’égard des per­son­nels de l’enseignement supé­rieur et du monde uni­ver­si­taire, cette mobi­li­sa­tion révèle com­bien les per­son­nels, cher­cheurs et ensei­gnants, se sentent inquiets et concer­nés par l’avenir de l’université et de la recherche en France. Si le SNESUP-FSU n’est pas à l’origine de cette péti­tion, notre syn­di­cat inter­vient cepen­dant de longue date sur les thèmes pré­sents dans ce texte. Ainsi dès octobre et durant tout l’hiver der­nier, le SNESUP-FSU a porté plu­sieurs motions au sein du Conseil natio­nal de l’enseignement supé­rieur et de la recherche (Cneser) sur le thème de l’austérité. Les témoi­gnages recueillis à l’automne et pré­sen­tés le 12 novembre der­nier, illus­trent les consé­quences acca­blantes des dif­fi­cul­tés bud­gé­taires des uni­ver­si­tés. Deuxième point fort de la péti­tion, la sur­dité et la cécité du minis­tère vis-à-vis des per­son­nels, la mécon­nais­sance de la réa­lité de leurs condi­tions de tra­vail ont égale­ment été sou­li­gnées par le SNESUP-FSU. A cet égard la ministre, aujourd’hui secré­taire d’Etat à l’Enseignement supé­rieur et à la Recherche, incarne une vision peu res­pec­tueuse des per­son­nels des uni­ver­si­tés. Enfin, le regrou­pe­ment d’universités et d’établissements d’enseignement supé­rieur, imposé par la loi ESR (Enseignement supé­rieur et recherche) de juillet 2013, est mené dans la pré­ci­pi­ta­tion et de manière auto­ri­taire. Les regrou­pe­ments exi­gés ne sont res­pec­tueux ni de la diver­sité des situa­tions, ni de l’histoire des établis­se­ments. Si l’unification du pay­sage post-bac est une vraie ques­tion, la réponse appor­tée ici n’est pas la bonne.

Quelles sont vos attentes après la for­ma­tion du gou­ver­ne­ment Valls ?

La for­ma­tion de ce gou­ver­ne­ment consti­tue un non chan­ge­ment. Le gou­ver­ne­ment s’est d’emblée placé dans la conti­nuité de la poli­tique de Jean-Marc Ayrault avec la volonté d’accentuer l’austérité. Car le pacte dit de « res­pon­sa­bi­lité » est bel et bien un pacte « d’austérité ». J’en veux pour preuve la réaf­fir­ma­tion du gel du point d’indice des fonc­tion­naires ou les écono­mies réa­li­sées sur les ser­vices publics.

Quelles sont les échéances impor­tantes dans les semaines à venir ?

La jour­née d’action dans la fonc­tion publique pré­vue ce jeudi 15 mai sera l’occasion d’affirmer notre inquié­tude devant la dégra­da­tion de la situa­tion dans les ser­vices publics tou­chés par la poli­tique d’austérité, tan­dis que les per­son­nels de l’enseignement et de la recherche voient leur salaire et leurs pers­pec­tives de car­rière ou d’emploi dégra­dées. Sur les trente der­nières années, la perte de pou­voir d’achat des per­son­nels uni­ver­si­taires est spec­ta­cu­laire. Parallèlement, d’après le minis­tère lui-même, 35 % des per­son­nels subissent un sta­tut pré­caire, vaca­taire ou CDD. Cela signi­fie qu’une per­sonne sur trois dans les uni­ver­si­tés n’a aujourd’hui aucune garan­tie de sta­bi­lité de l’emploi. A cet égard, la réunion plé­nière du Comité natio­nal du CNRS, le 11 juin pro­chain, sera l’occasion de tirer la son­nette d’alarme sur la situa­tion extrê­me­ment dégra­dée de la France en matière d’emploi scien­ti­fique. Entre 2002 et 2012, le nombre de per­son­nel per­ma­nent au sein du CNRS a dimi­nué de 800. Dans l’université, près d’un mil­lier de postes ont dis­paru en 5 ans. La situa­tion pré­caire des post-doc, leur fuite à l’étranger, sou­ligne com­bien notre pays est en train de se pri­ver des capa­ci­tés de recherche et déve­lop­pe­ment notam­ment dans les entreprises.

Frédéric Magnan

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