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Climat : fronde des chercheurs américains contre les sceptiques - Hélène Crié-Wiesner, Rue89, 15 novembre 2010
lundi 15 novembre 2010, par
La guerre a repris aux Etats-Unis sur le front du climat. Dopée par ses résultats électoraux, la droite veut laminer tout ce qui reste des projets du pays pour diminuer ses émissions de CO2. Des scientifiques ont décidé d’investir les médias pour contrer les « négationnistes ».
Le coup a été préparé la semaine dernière par 39 scientifiques précisément identifiés, chercheurs universitaires pour la plupart, appartenant à la Société américaine de géophysique. Dans un article tonitruant paru le 8 novembre dans le Los Angeles Times, repris par l’ensemble des journaux d’est en ouest, ils criaient leur ras-le-bol de la mise en doute du réchauffement climatique :
« On s’engage parce qu’on est fatigués de prendre des coups. L’idée que la vérité triomphera forcément un jour ne tient plus la route. La vérité est connue depuis deux décennies, et rien n’a changé. »
Ce coup de gueule collectif - ils annoncent 700 soutiens parmi leurs collègues membres de la Société de géophysique - dénote une vraie colère chez les scientifiques du climat, qui ont cultivé jusque là une discrétion à toute épreuve, fuyant les projecteurs, se contentant de répondre aux questions sans s’investir dans le débat politique.
Des experts, des vrais, pas des amateurs
Changement de braquet : ils vont combattre pied à pied ceux qu’ils qualifient de désinformateurs, lesquels sont désormais majoritaires à la Chambre des représentants. Des centaines de spécialistes se sont portés volontaires pour parler du climat et du rôle de l’homme dans la pollution de l’air en tant qu’experts.
« Expert ». Le mot devrait signifier quelque chose de précis : un scientifique spécialiste de ce dont il parle. Or, en matière de climat, c’est loin d’être toujours le cas (et pas seulement aux Etats-Unis).
Ces mêmes scientifiques qui crisent aujourd’hui se souviennent avec amertume de l’automne 2005, quand la commission Environnement du Sénat avait choisi d’auditionner « l’expert » Michael Crichton, médecin et auteur entre autre de Jurassic Park et de Etat d’urgence, « techno-roman » sur le réchauffement climatique qui avait beaucoup plu au Président Bush.
Les deux hommes partagent en effet la même certitude, ainsi exprimée par l’ancien Président (revenu depuis sur cette déclaration) :
« Le réchauffement climatique est le plus gros canular perpétré à l’encontre du peuple américain. »
Les dernières années de la présidence de Bush avaient pourtant vu une prise de conscience grandissante des citoyens et des politiques pour les questions environnementales en général, pour les changements climatiques en particulier. Et Obama avait promis de tout faire pour que son pays ne soit plus le mouton noir des pays industrialisés dans les négociations internationales.
La gauche a contribué à faire capoter le projet
Obama et son équipe ont appuyé les deux projets présentés au Congrès, des démocrates de bonne volonté se sont battus pour que celui-ci adopte rapidement une loi énergie-climat assortie de pénalités pour les grands émetteurs de CO2, mais tout a échoué.
Pas uniquement à cause de républicains dévoués aux intérêts des industriels : nombre d’élus démocrates se sont couchés par peur de déplaire à leurs électeurs.
Et aujourd’hui, les climato-sceptiques ont à nouveau le vent en poupe. En octobre, le New York Times racontait comment les Tea Partiy avaient érigé la lutte contre les théories environnementales en « article de foi ». Cette semaine, Newsweek brosse un tableau… glaçant de « l’hiver » qui attend le mouvement écologiste américain.
John Abraham, de l’université Saint-Thomas dans le Minnesota, est un des physiciens actifs dans le nouveau mouvement. Il détaille une partie du projet :
« Mettre rapidement sur pied une équipe capable de répondre du tac au tac aux controverses climatiques, composée notamment de scientifiques capables d’affronter des audiences potentiellement hostiles, tant en radio qu’à la télévision. »
Contrer ceux qui attaquent la science
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