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Communiqué intersyndical sur la réforme de la formation des enseignants (1er décembre 2009)
mardi 1er décembre 2009, par
Enseigner est un métier qui s’apprend !
Nous refusons la réforme actuelle de la formation des enseignants
et exigeons d’autres choix !
Les conditions de formation et les modalités de recrutement des enseignants actuellement en débat
engagent l’avenir de notre système éducatif dans un contexte de renouvellement important de la
profession. Cette réforme intéresse la société dans son ensemble : quels sont les besoins de notre
système éducatif, quelles sont les conditions d’exercice de métiers essentiels pour l’avenir du pays
mais aujourd’hui trop peu valorisés, quelles sont les besoins des élèves et des jeunes, quelle sera la
formation pédagogique de ceux qui auront la responsabilité de former des millions de jeunes demain ?
Enseignants, étudiants, parents, élèves : nous sommes tous concernés !
Pourtant, malgré l’importance de ce dossier qui constitue un véritable choix de société, le
gouvernement a fait le choix d’une réforme controversée et du passage en force. Au lieu de profiter du
report d’un an de l’application complète de la réforme obtenu par la mobilisation de l’an dernier pour
mettre en place une réelle concertation destinée à l’élaboration d’une réforme partagée, Luc Châtel et
Valérie Pécresse ont rendu leurs derniers arbitrages contre l’avis de tous les acteurs concernés
(étudiants, lycéens, parents, enseignants, enseignants-chercheurs, IUFM, universités…). Nous
dénonçons l’absence de réelle concertation et le mépris du dialogue social dont font preuve les
ministres.
Nos organisations jugent inacceptables en l’état les orientations présentées le 13 novembre dernier
qui confirment la mise en place d’une réforme régressive pour la formation des futurs enseignants et
bouleverse l’organisation de l’offre de master dans les universités. Ces orientations vont à l’encontre
d’une démocratisation de l’accès aux métiers de l’enseignement et s’opposent à l’amélioration de la
qualité de la formation :
la formation professionnelle des futurs enseignants est réduite à portion congrue alors qu’elle
nécessiterait d’être renforcée afin de préparer les futurs enseignants à la diversité des missions qui
leur sont confiées. Des lauréats au concours peuvent se retrouver devant des élèves sans avoir
bénéficié de stages ni de formation professionnelle.
l’articulation proposée entre concours et masters va non seulement rendre ingérable l’année de
master 2 pour les étudiants (qui devront mener de front préparation des épreuves, mémoires de
recherche, validation du master et éventuellement stage en responsabilité), mais elle s’oppose
également à l’élévation du niveau de qualification en rendant impossible toute formation
professionnelle et disciplinaire pendant l’année de M2
les IUFM sont cantonnés à l’éventuel encadrement des stages alors qu’ils constituent une
composante essentielle de l’université au rôle, à l’expertise et aux compétences avérées, sur la
formation initiale et continue des enseignants
aucun dispositif ambitieux d’accompagnement financier des étudiants n’est mis en place pour
compenser l’allongement de la durée des études et le décalage du concours, écartant ainsi de
nombreux étudiants issus des catégories sociales les moins favorisées de ces métiers.
Les organisations signataires exigent la remise à plat de la réforme impliquant le retrait des
décrets concernant la formation des enseignants et des textes d’application déjà publiés et
l’ouverture indispensable de réelles négociations. Elles revendiquent la mise en place d’une
réforme de la formation des enseignants qui réponde aux besoins du système éducatif et
permette une véritable formation professionnelle des futurs enseignants. En conséquence, elles
demandent :
une réelle amélioration de la formation de tous les enseignants et la reconnaissance de celle-ci par
l’obtention d’un master
de revenir sur la place des épreuves d’admissibilité au cours du cursus actuellement prévue par la
réforme afin de garantir une place des futurs concours compatible avec la conception de masters
de qualité intégrant les dimensions disciplinaires et professionnelles nécessaires à l’exercice du
métier et permettant la réussite des étudiants et une réelle réorientation de ceux ayant échoués
aux concours.
une évolution du contenu des épreuves des concours fixées nationalement en concertation avec
les organisations représentatives permettant d’évaluer les futurs enseignants sur l’ensemble de
leurs compétences disciplinaires et professionnelles indispensables à leur métier
un recrutement des futurs enseignants au même niveau pour tous les concours (PE, CPE, PLP,
CAPET, CAPES, CAPEPS)
un cadrage national des masters dits « intégrés » garantissant l’articulation entre une
professionnalisation progressive et la formation disciplinaire, assortie d’une carte nationale des
formations garantissant l’égal accès de tous sur le territoire à la préparation des concours.
L’acquisition des compétences professionnelles doit progressivement se renforcer avec l’avancée
dans le cursus universitaire.
une année de fonctionnaire stagiaire post-concours qui comporte au moins un mi-temps pour la
poursuite de la formation professionnelle
des garanties réelles sur le rôle, les fonctions et les moyens humains et financiers des IUFM dans
la formation initiale et continue des futurs enseignants au sein des universités
la mise en place de dispositifs d’accompagnement financier renforcés et pérennes pour les
étudiants afin de garantir la mixité sociale du recrutement des futurs enseignants
des modalités adaptées pour les candidats des PLP des disciplines professionnelles et les non
titulaires (VAE, cycle préparatoire…)
Face à une situation qui semble aujourd’hui bloquée et à des arbitrages présentés comme définitifs,
nous affirmons notre détermination à imposer par l’action des choix que le gouvernement nous refuse
depuis 18 mois. Nous demandons que l’année scolaire en cours ne soit pas à nouveau gâchée par
des bricolages successifs mais permette l’ouverture de réelles négociations. Si de profondes
inflexions ne sont pas rapidement apportées au projet de réforme, le gouvernement prépare les
conditions d’une situation explosive dans les universités et les établissements scolaires lors de la mise
en œuvre de la réforme à la rentrée 2010.
Parce qu’enseigner est un métier qui s’apprend, les organisations signataires appellent à une
journée nationale de mobilisation mardi 15 décembre dans l’enseignement primaire, secondaire et
supérieur (notamment dans les IUFM) pouvant se traduire par des initiatives de grèves, des
rassemblements, des assemblées générales de débat, des manifestations, afin de dénoncer le projet
régressif du gouvernement pour la formation des enseignants et d’exiger une réforme répondant aux
besoins du système éducatif, permettant une vraie formation professionnelle et garantissant une réelle
élévation de la formation des futurs enseignants conforme aux attentes de la société.
Signataires :
UNEF
FSU, SNES-FSU, SNUIPP-FSU, SNUEP-FSU, SNESUP-FSU, SNEP-FSU
Fédération UNSA Education, SE UNSA, Sup Recherche UNSA, A et I UNSA,
SNPTES UNSA, SI.EN UNSA
SGEN CFDT
FERC Sup CGT, CGT Educ’Action
FCPE
UNL
FIDL