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Paris-Diderot : un campus en péril - Pascal Ceaux, L’Express, 3 février 2011

samedi 5 février 2011

Le chantier de la faculté du futur est l’objet de plusieurs recours devant le tribunal administratif. Des associations et un architecte dénoncent l’insuffisante sécurité des bâtiments qui accueilleront près de 25 000 étudiants.

L’opération devait avoir valeur d’exemple. La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, l’avait présentée ainsi, lors de la signature du contrat entre une société de projets dont Vinci détient 25% et l’Etat, le 24 juillet 2009 : la construction de l’université Paris-Diderot serait un modèle pour l’avenir. Elle est le premier partenariat public-privé (PPP), nouveau type de contrat associant l’Etat à des entrepreneurs, dans l’Education nationale. Dix-huit mois plus tard, les travaux s’accélèrent au coeur d’une nouvelle ville entre Seine et voies ferrées, la zone d’aménagement Paris Rive gauche. Les bâtiments surgissent de terre pour accueillir 25 000 étudiants, le quartier prend forme à l’arrière de la Très Grande Bibliothèque.

Seulement, ce tableau idyllique n’enchante pas tout le monde. Une association, Diderot Transparence, s’apprête à déposer un référé devant le tribunal administratif pour obtenir l’interruption des travaux. Sur le chantier pèse déjà la menace d’une autre procédure, engagée en juin 2010, à laquelle se sont associés des riverains, le syndicat SUD Etudiants et l’Association des accidentés de la vie. Un des quatre bâtiments de la future faculté est particulièrement visé : le "M5B2". Selon la requête en annulation de permis de construire, objet de la seconde procédure, "il comporte un nombre considérable d’irrégularités, dont des irrégularités majeures mettant en cause la sécurité des personnes". Sont notamment pointés une absence d’engagement de solidité de l’ouvrage et un non-respect de la sécurité incendie : sur 14 baies d’accès pompiers, 11 seraient inaccessibles !

Fer de lance de cette contestation, Michel Parigot, un chercheur en mathématiques, s’était fait connaître par son action contre l’amiante à l’université de Jussieu. A Paris-Diderot, il s’est trouvé un autre combat, aussi long à mener. "Le problème, explique-t-il, c’est l’argent. Modifier la sécurité incendie sur le M5B2 coûterait très cher. Le bâtiment serait presque à refaire." En attendant, il tient le chantier sous haute surveillance. Et se dit prêt à tenter de convaincre le tribunal d’ordonner l’arrêt des travaux.

Ce n’est pas fini : le tribunal de commerce est aussi saisi par un autre lutteur de l’ombre, Philippe Blandin, qui dirige l’agence d’architecture parisienne In/On. Paris-Diderot, il y croyait. Il avait même été l’un des candidats heureux au PPP, puisqu’il devait imaginer l’un des quatre bâtiments devant accueillir les étudiants, le "M3I2". Or, il s’est très vite heurté aux exigences du constructeur Vinci, représenté par une filiale, la Sogam. Selon lui, dès l’été 2009, l’entreprise veut imposer des normes de sécurité à la baisse. Il refuse. Après plusieurs péripéties, il est finalement écarté. Une véritable bataille s’engage dans la coulisse, mais aussi devant le tribunal de commerce. Car Philippe Blandin ne veut pas lâcher prise. Une solution à l’amiable lui est proposée, qu’il rejette. Le Canard enchaîné évoque l’affaire en avril 2010 pour dénoncer des irrégularités.

Près d’un an plus tard, rien n’a changé, affirme l’architecte. Des parties destinées à recevoir des étudiants, et classées à ce titre en établissement recevant du public (ERP), sont subitement transformées en bureaux, donc avec des normes de sécurité moins strictes. Le bâtiment qu’il a conçu est modifié sur 117 points sans son accord. Un exemple : la salle d’accueil pour les inscriptions des étudiants est réduite à une pièce de 6 mètres carrés. "Je ne comprends absolument pas pourquoi l’Etat laisse faire cela", s’indigne l’architecte.

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