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Plus de 2,5 millions de manifestants mardi, L’humanité, 7 septembre 2010

mardi 7 septembre 2010

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Davantage de manifestants, comme à Paris (270.000 personnes, d’après la CGT, c’est deux fois plus qu’il y a deux mois), et beaucoup plus d’arrêts de travail, et des grèves mieux suivies...

De premières estimations globales avançaient les chiffres de 2,5 à 3 millions de personnes dans les quelque 190 cortèges recensés dans tout l’Hexagone, contre deux millions le 24 juin.

Il est trop tôt pour un bilan complet, les chiffres définitifs de la participation ne sont pas encore tombés, mais déjà une certitude émerge : la mobilisation contre la réforme Sarkozy-Wœrth des retraites a nettement dépassé, en ampleur, celle du 24 juin. Davantage de manifestants, comme à Paris (270.000 personnes, d’après la CGT, c’est deux fois plus qu’il y a deux mois), à Marseille (200.000, contre 120.000 le 24 juin), à Toulouse ( 110.000, contre 60.000), à Lyon (35.000, contre 25.000)....

L’aveu en creux d’Hortefeux

Le ministère de l’Intérieur, de son côté, affirme que 1.120.000 personnes ont manifesté, contre 797.000 le 24 juin, et rappelle qu’il y en avait eu, toujours selon lui, 1.130.000 le 13 mai 2003. Une manière de reconnaitre, sans le dire, l’élargissement sensible de la contestation, qui atteint désormais le pic enregistré lors de la bataille contre la loi Fillon en 2003. Jusqu’alors, il était de bon ton, au gouvernement, de faire valoir que les manifs de 2010 étaient d’atteindre le niveau de celles de 2003...

Autre dominante de la journée, on a enregistré beaucoup plus d’arrêts de travail, et des grèves mieux suivies, dans le secteur public et dans le privé. Près de six enseignants du secondaire et du primaire sur dix, plus d’un cheminot sur deux, près de 4 postiers sur dix, plus de 50% des agents des Impôts et du Trésor... ont cessé le travail. De nombreux grands groupes du privé (Total, Rhodia, Carrefour, Renault...) et, fait plus nouveau, une myriade de PME, y inclus, parfois, des entreprises où les syndicats ne sont pas représentés, ont été affectés par les débrayages. Les huit organisations syndicales, qui appellaient à cette journée, peuvent se féliciter d’avoir atteint leur objectif. Leur unité, complète cette fois-ci,- FO, qui était absent le 24 juin, ayant décidé de faire front avec les autres confédérations- a sans aucun doute joué un rôle d’entraînement.

La contestation porte

Toutes ces dernières semaines, le sentiment d’injustice, déjà fortement ressenti après la présentation du projet de réforme par Eric Wœrth en juin, a gagné en puissance, gonflé par la révélation des liens étroits entre le pouvoir et les puissances d’argent dans l’affaire Wœrth-Bettencourt. Et l’intransigeance affichée par le chef de l’Etat a eu, de toute évidence, un effet contraire à celui escompté. La promesse d’amendements à la marge de son projet n’a pas fait non plus illusion. Ce matin encore, Nicolas Sarkozy a réuni les chefs de la majorité pour les inviter à ne pas céder sur les deux mesures clé de la réforme, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans et le report de 65 à 67 ans de la garantie de pension à taux plein. Or, et c’est sûrement l’un des enseignements majeurs de cette journée, c’est, clairement, sur ces points-clé que la contestation porte. L’ensemble des leaders syndicaux avaient défendu le maintien des bornes d’âge de 60 et 65 ans. Et aujourd’hui, sur leurs banderoles, dans leurs slogans et leurs paroles, les millions de manifestants ont exprimé leur attachement à ces acquis sociaux. La balle est bien dans le camp du gouvernement, qui apparait ce soir sur la défensive.

Yves Housson