Accueil > Communiqués et textes de SLU > Lettre ouverte aux présidents d’universités

Lettre ouverte aux présidents d’universités

lundi 15 décembre 2008, par Laurence

[|Présidents, votre place est à nos côtés !|]

Depuis une semaine, nombre d’entre vous ont fait part de leur effarement devant la dotation financière de leur université. Une dotation présentée qui plus est de façon peu sincère, comme étant en hausse alors que, compte tenu des charges nouvelles, elle est en réalité dans la plupart des cas en forte baisse.

Vous avez, les uns ardemment soutenu, les autres combattu la loi LRU. Certains d’entre vous ont crié victoire parce qu’ils étaient lauréats du plan-campus ; d’autres ont ravalé leur amertume et eu l’impression que des régions entières étaient abandonnées. Tous, vous vous demandez où sont passés les cinq milliards promis. Vous avez cru parfois aux vertus d’une saine émulation, et, tous, vous découvrez, selon les mots de l’un d’entre vous, qu’en matière de budget, les prix Nobel et les médailles Fields ne protègent pas contre l’arbitraire. Certains d’entre vous souhaitent moduler le service des enseignants-chercheurs, d’autres sont pour le moins réservés devant ce nouveau pouvoir exorbitant. Mais tous aujourd’hui vous mesurez que les budgets dont vous disposez vous conduiront en fait, le plus souvent, à alourdir la charge de cours de presque tous les enseignants-chercheurs, et, qu’en lieu et place des « recrutements de prestige » que faisait miroiter la loi LRU, vous embaucherez essentiellement des précaires sous-payés.

Mais qui pourra nier que tout cela ressemble fort à un jeu de dupes ? Comment ne pas voir que la succession de réformes préparées dans la précipitation et que l’on vous demande de mettre en place dans l’urgence produit un éclatement du paysage universitaire ?

Vous avez pu croire, pour certains, que le démantèlement du CNRS et des autres grands organismes de recherche accroîtrait le rayonnement de vos universités. Vous savez désormais que la conjonction de la transformation des grands organismes en « opérateurs de moyens » privés de moyens, d’une ANR surdimensionnée et de la baisse de vos crédits, condamne des pans entiers de la recherche publique française à l’université comme au CNRS.

Vous avez pour certains fermement dénoncé, avec l’appui de vos conseils, la « farce » d’une réforme hâtive des concours de recrutement des enseignants. Pourquoi ne pas demander franchement un report à 2011 de toute réforme et une négociation nationale sur la formation et les concours, capitale pour l’avenir de l’enseignement ? Le roi est nu : l’autonomie se traduit par un pilotage politique accru et par des économies réalisées en forçant les universités à se battre entre elles pour obtenir les indispensables fonds publics. Céder à la peur que l’université d’à-côté n’obtienne plus, c’est accepter le chacun pour soi et renoncer à toute communauté universitaire.

Mesdames et Messieurs les Présidents d’université, l’élection de votre nouveau bureau est un acte politique important. Nous vous demandons aujourd’hui de vous élever avec nous contre la brutalité et la myopie d’une telle politique. Nous vous demandons donc de ne pas seulement contester ce budget mensonger, mais aussi, en accord avec vos conseils et suivant des modalités que vous déciderez avec eux

1 - de condamner le projet de décret sur les statuts des enseignants-chercheurs, de refuser la précarisation croissante de tous les personnels et d’écarter les modulations salariales ou de service.

2 – de vous engager à ne pas participer à la réforme des concours de recrutement des enseignants tant qu’une véritable négociation n’aura pas eu lieu.

3 – de vous exprimer en faveur d’une coopération des universités avec les organismes de recherche notamment au travers des UMR, et de refuser ainsi le démantèlement du CNRS.

La communauté universitaire et scientifique observera avec attention vos réponses sur ces questions. Nous avons besoin de la plus grande cohésion pour nous faire entendre ensemble de ce gouvernement et de ce ministère.

SLR, SLU, SNESUP-FSU, SUD