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Le Mépris - Communiqué de Sauvons l’Université ! 27 novembre 2020
vendredi 27 novembre 2020
La sanction est tombée. Les universités ne rouvriront pas avant février, au mieux. Pendant ce temps, les classes préparatoires poursuivent leurs activités comme si de rien n’était, enfreignant au passage les consignes sanitaires sans que personne, dans les ministères, ne s’en soucie. Sans doute faut-il continuer à former les élites ; les autres peuvent attendre.
Les universités étaient les seules à ne pas avoir rouvert leurs portes au printemps dernier. Elles seront les dernières à rouvrir à l’hiver prochain, alors que le second semestre aura déjà commencé. Que, de partout, remontent les conséquences délétères de cette situation pour des dizaines de milliers d’étudiants, que la flamme vivante des universités, la transmission des savoirs, s’éteigne sous l’étouffoir du confinement, que la démonstration ait été faite que l’accueil des étudiants pourrait dans une majorité de cas se faire dans des conditions sanitaires sécurisées, tout cela ne compte pour rien.
Comme n’a compté pour rien l’avis d’une communauté universitaire unanime contre la loi de programmation pour la recherche. Comme ne comptent pour rien les protestations contre les propos démagogiques qui, du chef de l’État au ministre de l’Éducation nationale, vouent aux gémonies des pans entiers de la recherche, que par ailleurs ils ignorent, simplement parce qu’ils promeuvent un regard critique sur la société et, partant, interrogent leur vision du monde et leur politique. La demande par deux députés d’une mission d’information sur « les dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires » montre que ce refus de toute pensée critique pourrait bien d’ici peu prendre la forme d’une nouvelle chasse aux sorcières.
C’est désormais une évidence : il y a là une politique cohérente, volontaire, assumée et autoritaire contre l’Université. Contre ceux qui sont l’Université : étudiants, personnels administratifs, enseignants-chercheurs, chercheurs. Jamais depuis des temps de sinistre mémoire une offensive de telle ampleur n’avait été menée contre les lieux de la construction et de la transmission des savoirs et de la critique. Jamais depuis des temps de sinistre mémoire, un gouvernement n’avait aussi ouvertement professé son mépris pour la connaissance et ceux qui travaillent à son élaboration.
« Vous n’êtes rien », voilà ce qui nous est dit. « Vous n’êtes rien et nous ne vous laisserons plus critiquer nos décisions ».
Prenons-en acte. La politique menée à notre encontre est méprisable et destructrice. Partout, désormais, doit se lever un esprit de combat pour réaffirmer qu’il n’est pas de pacte républicain et démocratique sans un enseignement supérieur et une recherche libres, indépendants des pouvoirs et des pressions politiques, sans une Université ouverte, vivante de ses enseignements, de ses débats, de sa passion pour une meilleure compréhension du monde.
Toutes les instances de l’enseignement supérieur et de la recherche, tous les collègues doivent être concernés. Toutes nos prises de paroles doivent être portées par un seul objectif : maintenir vivantes et défendre la recherche et la transmission libre des savoirs. L’urgence est la réouverture des universités. Présidences, conseils, instances représentatives, syndicats, associations professionnelles, tous doivent être mobilisés pour imposer et organiser cette réouverture au plus vite, dans le respect de consignes sanitaires. Si les universités n’obtiennent pas les autorisations nécessaires, elles pourront et devront s’en passer : l’intérêt des étudiants doit primer. Il est urgent d’inventer de nouveaux modes d’agir pour contrer ceux et celles qui ont entrepris de contrôler ou de détruire systématiquement l’université et la recherche publiques.
Ne laissons pas faire. Ne nous laissons pas faire.