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Luc Chatel invente le Cercle des poètes absentéistes - Communiqué de SLU, 12 mars 2010

vendredi 12 mars 2010

Depuis quelques mois, un nouveau marronnier scolaire a fait son apparition dans la presse, à côté de l’angoisse des parents d’enfants
de 3 ans la veille de leur première rentrée et des dernières révisions des élèves de terminale la veille de l’écrit de philo : le
non-remplacement des enseignants. Ici et là, certains articles mettent même l’accent sur un lien entre ce phénomène et la politique
gouvernementale de non-remplacement d’un fonctionnaire partant en retraite sur deux, qui a entraîné la disparition de 50 000 adultes
dans les établissements scolaires depuis 2007, avec évidemment des conséquences en matière de sécurité.

Mais nos gouvernants, chez qui le marketing et la publicité tiennent lieu de formation et de discours politique, ont vite trouvé la parade
 : si les profs ne sont pas remplacés... c’est qu’ils sont absents ! Et un quotidien qui fut du soir de titrer complaisamment sur les kiosques
mercredi 9 mars sur "l’absentéisme" des enseignants, avec à sa une une courbe passionnante dont il ressort que ces fonctionnaires sont
davantage malades en hiver qu’en été et qu’ils se font délivrer moins d’arrêts-maladie pendant les vacances scolaires (au demeurant, le
schéma ne prend même pas en compte les différences de calendrier entre académies). Bref, selon le ministre, s’il y a moins de remplacements effectués, ce n’est pas parce que la politique budgétaire actuelle se traduit dans de nombreuses académies par l’extinction du groupe de remplaçants qui
existait autrefois (TZR), c’est parce que les profs sont absents.

Belle façon de rejeter sur les victimes d’une politique la responsabilité de ses conséquences. On connaissait les électeurs
fantômes, l’UMP invente les absentéistes imaginaires. Mais l’idéologie n’est jamais absente de la com’ et Luc Chatel a
clairement dévoilé le fond de sa politique lorsqu’il a indiqué les mesures qu’il entendait prendre pour répondre à cette situation :
employer de "jeunes" retraités (plutôt que d’offrir aux "vrais" jeunes l’occasion de débuter une carrière de fonctionnaire) et surtout
recruter comme contractuels ou vacataires des étudiants de Master 2 qui auraient raté les concours (CRPE, Capes).

Après les avoir démentis pendant des mois, le Ministre de l’Éducation nationale vient donc de donner raison à tous ceux qui, comme SLU,
dénoncent dans le projet de masterisation de la formation et du recrutement des enseignants le dispositif qui permettra de faire
sortir les enseignants de la fonction publique, en remplaçant des corps de fonctionnaires par un vivier de précaires dans lequel
puiseront Pôle Emploi, les rectorats et les chefs d’établissements.

Les parents d’élèves doivent savoir que si la politique actuelle est menée à son terme, non seulement leurs enfants auront encore moins de professeurs (16 000 suppressions d’emplois prévues à la rentrée 2010), mais en plus ils auront des enseignants à la formation professionnelle quasi-inexistante. En septembre 2010, ce sont 16 500 nouveaux enseignants et plus d’un million et demi d’élèves qui seront concernés par ces décisions catastrophiques (Cf : Hamsterisation : 1,6 million d’élèves cobayes). Le phénomène de la violence en milieu scolaire gagnerait à être rapproché de cette désertification brutale des établissements en personnel enseignant et d’encadrement, comme n’ont cessé de le répéter cet hiver les professeurs en grève de Vitry, à l’encontre des recettes simplistes de la com’ gouvernementale, dont le dernier "séminaire" sur le sujet, aujourd’hui même, ne s’est traduit que par l’habituelle gesticulation sur le thème de l’insécurité et de sa répression (forcément) féroce.

Plus que jamais, nous devons tous ensemble nous opposer sans concession aucune à la destruction du service public d’éducation.

Sauvons l’université !