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Dossier sur le rejet du rapport de la "mission Grosperrin" 7 juillet 2011

mercredi 6 juillet 2011

Les réactions suscitées par le pré-rapport de la mission parlementaire n’ont pas été vaines : mis au vote à la commission des Affaires culturelles, le rapport a recueilli 11 voix pour, 15 contre et deux abstentions et des "députés de la majorité ont voté contre".

L’UMP Jacques Grosperrin tourmente les profs
Libération, Véronique Soulé, 7 juillet 2011

Rapporteur d’une mission d’information, il a proposé de supprimer les concours de l’enseignement : le capes, l’agrégation, celui de professeur des écoles...

Le député UMP du Doubs Jacques Grosperrin a suscité une belle panique dans le monde enseignant. Président et rapporteur d’une mission d’information sur la formation et le recrutement des enseignants, il a proposé de supprimer, « à terme », les concours - le capes, l’agrégation, celui de professeur des écoles en primaire… Pour lui, le master, que les profs doivent désormais avoir au lieu d’une licence auparavant, suffit à leur formation. Et leur recrutement doit ensuite être confié aux chefs d’établissement et aux rectorats. Cette proposition osée - la vingtième et dernière du rapport - a suscité un tollé. Mais le rapport, mis au vote au sein de la commission des affaires culturelles, a été rejeté hier par 15 voix contre, dont des élus de la majorité, 11 pour et 2 abstentions. Pour beaucoup, il s’agissait d’un galop d’essai.

Communiqué de presse du groupe socialiste, 6 juillet 2011

La Commission des Affaires Culturelles et de l’Education a rejeté ce matin le rapport d’information de Jacques Grosperrin, député UMP, sur la formation et le recrutement des Enseignants.

Le groupe socialiste ainsi que la totalité de l’opposition et une partie de la majorité se sont vigoureusement opposés à la proposition qui consistait à supprimer les concours de recrutement dans l’Education Nationale.

Pour les députés socialistes, les concours d’entrée dans la fonction publique et notamment dans l’Education Nationale, doivent rester les garants de l’égalité républicaine. Chaque jeune se destinant au métier d’enseignant doit bénéficier d’une véritable formation professionnelle et d’un statut, remis en cause aujourd’hui par les dernières réformes du Gouvernement.

Yves Durand, Martine Faure, Monique Boulestin, Martine Martinel, Pascal Deguilhem

Communiqué de presse de la députée M.H Amiable

Pour une autre formation des enseignants !
Paris, le 6 Juillet 2011

Les Député-e-s communistes, républicains, citoyens, se félicitent du vote de la commission des affaires culturelles et de l’éducation qui a repoussé ce matin le rapport Grosperrin.
Ils s’en félicitent d’autant qu’ils avaient été les seuls, par la voix de la députée Marie-Hélène AMIABLE, à avoir voté contre ce texte mercredi dernier lorsqu’il avait été présenté par le président-rapporteur UMP devant la mission d’information sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants.
Tirant prétexte de l’échec des réformes successives initiées depuis 2008 au détriment notamment de la formation des enseignants, ce texte comprend en effet des propositions inacceptables qui visent en fait à parachever l’entreprise de démolition du service public d’éducation. C’est le cas notamment de la proposition numéro 20 qui prévoit la suppression des concours d’entrée dans le métier pour les remplacer par des entretiens professionnels pouvant être directement effectués par les chefs d’établissement.
Les Député-e-s communistes, républicains, citoyens, continueront de porter la nécessité d’une autre réforme pour que les enseignant-e-s bénéficient d’une formation disciplinaire et professionnelle de haut niveau, pour assurer la démocratisation de leur recrutement et pour soutenir l’attractivité du métier dans le respect du statut de la fonction publique.

En pièce jointe, son intervention devant la Commission

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Intervention MH Amiable

Le rapport proposant la suppression des concours enseignants rejeté, Aurélie Collas, Le Monde, 6 juillet 2011

Rapport divulgué et aussitôt enterré... La commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale a voté, mercredi 6 juillet, contre la publication du rapport d’information sur la formation initiale et le recrutement des enseignants.

Le rapport a recueilli 11 voix pour, 15 contre et deux abstentions. "Des députés de la majorité ont voté contre", rapporte Frédéric Reiss, député UMP du Bas-Rhin. Principale raison de ce rejet : la proposition n° 20 de supprimer les concours enseignants. "Elle a cristallisé les tensions et mis mal à l’aise beaucoup de députés", ajoute M. Reiss.

"Cette situation est inédite. Je suis député depuis 1988 et n’ai jamais vu la publication d’un rapport d’information être rejetée en commission, a réagi le député PS du Nord Yves Durand. A mon avis, la proposition 20 est un ballon d’essai lancé par l’UMP, et une tentative du gouvernement d’ouvrir une brèche dans le statut de la fonction publique". Ce vote pourrait mettre un terme aux travaux de la mission sur le recrutement des enseignants. Ou bien celle-ci pourrait proposer ultérieurement une nouvelle version du rapport. "On ne sait pas ce qu’il va arriver", poursuit le député PS.

DÉMANTÈLEMENT DU SERVICE PUBLIC D’ÉDUCATION ?

La proposition de supprimer les concours avait soulevé une vague de contestations du côté des syndicats d’enseignants. Ces derniers y voient l’amorce d’un démantèlement du service public d’éducation, à travers la remise en cause de l’appartenance des professeurs à la fonction publique d’Etat.

Luc Chatel, le ministre de l’éducation nationale, n’avait pas réagi à la proposition du député Jacques Grosperrin au moment de la divulgation de son rapport dans la presse, le 30 juin. Dans une interview accordée à Libération du 6 juillet, il a déclaré que la suppression des concours "n’était pas d’actualité". Mais, a-t-il ajouté, "c’est le rôle des députés de faire des propositions et de la prospective à quinze ans".

Pour le député UMP du Doubs Jacques Grosperrin, la suppression des concours enseignants est "l’aboutissement inévitable de la réforme de la formation des enseignants", qui a élevé, depuis 2010, le niveau de qualification des enseignants à bac + 5. Selon lui, les concours du capes, de l’agrégation et le concours de professeurs des écoles, n’ont plus lieu d’être, car "ils forment avec le master deux voies d’entrée dans le métier, parallèles et autonomes, aucune n’ayant prise sur l’autre".

Aurélie Collas

Le site du Monde