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Fin de Du Guesclin à Béziers ? Courriers, Parole ministérielle, Motions, Revue de presse, etc… - MàJ 30 novembre 2013

samedi 30 novembre 2013, par Mariannick

Vers la fin de l’épisode biterrois ??…

Université : le site de Béziers ne fermera pas

Le Figaro Étudiant, (AEF), 29 novembre 2013.

La menace de fermeture de l’antenne biterroise qui dépend de l’université de Montpellier, avait entraîné des manifestations étudiantes ces deux derniers mois.

Après plus de deux mois de négociations tendues entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et l’université Montpellier-III, Anne Fraïsse, présidente de l’université de LLASHS de Montpellier, a annoncé aux étudiants de Béziers, ce vendredi en fin de matinée, que le site ne fermerait pas ses portes en septembre 2014. Cette décision fait suite aux dernières annonces nationales, lundi 25 novembre, de Geneviève Fioraso, de dégeler « 4 à 5 millions d’euros » pour la compensation des étudiants boursiers et 25 millions d’euros pour le financement partiel du GVT. À partir de 2014, les crédits de compensation des boursiers seront prélevés sur l’enveloppe Sympa et redistribués, soit un total de 20 millions d’euros sur quatre ans.

Anne Fraïsse se dit « très satisfaite » des mesures annoncées par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : « Ce sont des mesures générales qui répondent à la situation de toutes les universités », explique-t-elle, précisant qu’elle ne voulait pas de « solution individuelle » pour son établissement. Montpellier-III bénéficiera en outre de 20 créations d’emplois sur 2014-2017 « alors qu’elle n’est pas sous-dotée » pour reprendre les termes de la ministre, et d’une aide supplémentaire de 280.000 euros pour la réfection des locaux. « Cela nous donnera un peu de marge sur le fonds de roulement », analyse Anne Fraïsse. […]


Anne Fraïsse : « Je ne peux me résoudre à voir des ministres de la République mentir sans vergogne aux représentants de la Nation. »

Lettre d’Anne Fraïsse aux personnels et étudiants de son université, 19 novembre 2013


Geneviève Fioraso répond à Elie Aboud, député de l’Hérault

Publication du MESR, 19 novembre 2013

Je vous le confirme, je suis opposée, je l’ai dit et je l’ai écrit, à l’hypothèse de fermeture de l’antenne de Béziers qui a été présentée devant le conseil d’administration par la Présidente de l’université Paul Valéry – Montpellier 3.

Cette antenne joue un rôle important de démocratisation de l’accès aux études supérieures, et accueille, notamment en licence, des bacheliers de proximité qui, sans elle, ne s’engageraient pas dans un parcours universitaire.

L’audit effectué par les inspecteurs généraux du ministère montre de surcroît que le taux de réussite des étudiants en premier cycle inscrits à Béziers est globalement satisfaisant.

Cette fermeture n’est donc pas pertinente.
Elle n’est pas non plus nécessaire, et c’est ce que montre l’audit, puisque les "économies" espérées de cette fermeture sont surestimées (l’université dit 2,5 millions d’euros, l’audit évoque un peu plus d’1 million d’euro), d’autant qu’il n’a pas été tenu compte des dépenses associées au "transfert" à Montpellier des étudiants concernés.
Ce que dit aussi l’audit :

  • c’est que l’université Paul Valéry n’est pas sous-dotée au regard des universités comparables : il serait inexact et un peu court de dire par principe "L’Etat n’a qu’à mettre 4 millions d’euros", d’autant que la dotation de l’Etat, qui représente plus des 9/10e du budget de l’université, a progressé de 2 % en 2013 et continuera à progresser en 2014 et au-delà avec les créations d’emplois. Parler dans ces conditions de "désengagement de l’Etat" n’a aucun sens ;
  • c’est que la situation financière de l’université reste solide avec un fonds de roulement de 44 jours de fonctionnement fin 2012, alors que le seuil prudentiel demandé par Bercy n’est que de 15 jours...
  • mais l’audit dit aussi que cette situation pourrait se détériorer à compter de 2014 sous l’effet d’une croissance trop rapide de la masse salariale : +5 % par an depuis trois ans, sous l’effet des décisions de l’université (+1 million d’euro d’heures complémentaires, transformations d’emplois de maîtres de conférences en emplois de professeurs pour +1,5 million d’euro par an).
  • L’audit signale que si l’université a conduit un important travail de rationalisation de ses licences, le même effort de mutualisation n’a pas été fait au niveau des masters, malgré la baisse des effectifs.

Fermer Béziers, ce serait donc faire peser de nouveau les efforts de rationalisation sur la seule Licence, alors que la priorité de l’université, aujourd’hui, c’est la réussite en premier cycle, là où les échecs sont aujourd’hui les plus nombreux. Fermer Béziers ce serait faire peser les efforts sur les étudiants les plus modestes.

La présidente de l’université a donc toutes les cartes en mains pour proposer un budget 2014 qui doit simplement stabiliser ses dépenses, sans recourir à des mesures radicales.

Elle peut compter sur les créations d’emplois dont bénéficiera l’université sur toute la période 2014-2017 pris sur le contingent des 1000 emplois attribués chaque année pendant 5 ans sur le plan national.

Elle peut aussi modérer l’évolution de sa masse salariale.

Elle peut compter sur la procédure d’accompagnement du ministère, qui a bien fonctionné pour d’autres universités dont la situation semblait plus préoccupante que celle de l’université Paul Valéry.

La main est tendue à l’université de Montpellier. A l’université de la saisir. L’université peut compter sur l’engagement et l’accompagnement du ministère, dans le respect de l’autonomie des universités.


Montpellier III : la mobilisation continue

Julie-Anne De Queiroz, Le Figaro, 12 novembre

L’université était bloquée depuis mercredi dernier. Le vote d’aujourd’hui a institué un blocage les jours d’assemblée générale et un « blocage économique ».

Nouveau rebondissement dans la mobilisation pour interpeller la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à l’université Montpellier-III Paul Valéry sur le budget de l’établissement .Après le blocage total du campus du 6 au 12 novembre inclus, une nouvelle assemblée générale étudiante a eu lieu aujourd’hui, avec une mobilisation bien plus forte. « 1500 personnes étaient présentes lors de l’AG » d’après le bureau de l’UNEF de Montpellier-III. Et parmi eux, « beaucoup de gens en faveur de la reprise des cours » comme en atteste un militant de l’UNI. Le 6 novembre dernier, on comptait environ 500 votants .

« Cette fois ci, le blocage total a été refusé par 880 voix contre, alors que 659 ont voté pour » rapporte un militant sur place. « Les partisans de la reprise des cours étaient plus nombreux car mieux préparés cette fois » souligne-t-il. Néanmoins, les étudiants se sont exprimés en faveur du blocage les jours d’assemblée générale. « Soit un jour sur deux » ironise un militant de l’UNI. La prochaine est en effet prévue jeudi, et la suivante devrait avoir lieu mardi 19 novembre. « Voter pour le blocage les jours d’AG, c’est permettre aux étudiants de participer » défend un militant de l’UNEF. Cette mesure de blocage partiel aurait, elle, été adoptée 673 voix pour, alors que 562 personnes s’étaient exprimées contre.

Nouveauté : les participants se sont également prononcés en faveur d’un « blocage économique », dont les actions concrètes n’ont pas encore été définies par le comité de mobilisation .Selon l’UNI, il devrait s’agir « d’occupation de rails SNCF, de blocage des transports en commun et d’occupation de lieux stratégiques ». Une manifestation a eu lieu ce mardi à la suite de l’assemblée générale, et une autre est prévue jeudi prochain. « Pour ce qui est de la mise en œuvre du blocus économique, on attend les directives du comité de mobilisation » rapporte l’UNEF.

[…]


Au Sénat, « Questions cribles thématiques au gouvernement »

Séance du jeudi 10 octobre 2013

M. Robert Tropeano (sénateur RDSE). Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je souhaite évoquer aujourd’hui le dossier de l’université Montpellier-III et l’annonce de la possible fermeture de son antenne située à Béziers lors de la prochaine rentrée universitaire. Cette fermeture menacerait les 700 étudiants qui la fréquentent pour suivre les huit formations qui y sont dispensées. Autant dire que l’application d’une telle décision fragiliserait l’équilibre territorial de l’ouest héraultais.

L’université de Montpellier-III se trouve dans une situation financière difficile, accusant un déficit structurel de 3 millions d’euros. Depuis l’adoption de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités, le transfert de la masse salariale, qui représente 90 % des budgets des établissements, s’est opéré de manière brutale. Aujourd’hui, plusieurs universités vous disent, madame la ministre, qu’elles sont en déficit. La situation de Montpellier-III n’est donc pas un cas isolé.

La sous-estimation de la masse salariale, à l’époque de la mise en œuvre de cette réforme, et l’augmentation de 70 % en cinq ans du nombre des étudiants boursiers sont des facteurs déterminants dans les difficultés rencontrées.

Compte tenu des engagements forts pris par le Président de la République en faveur de la jeunesse et des récentes déclarations que vous avez faites sur le maillage des pôles universitaires implantés dans des villes moyennes, il est inconcevable que cette décision de fermeture puisse être actée.

N’avez-vous pas dit, lors d’un récent déplacement, « nous voulons des universités qui soient toutes performantes, chacune à sa manière, et qui offrent des formations de proximité d’un très bon niveau de qualité pour tous nos jeunes » ?

Toute la communauté éducative, tous les étudiants de la région, mais également les collectivités territoriales, qui ont consenti des efforts importants, attendent vos décisions sur ce dossier.

Madame la ministre, comme vous le souligniez très justement, toute réforme nécessite concertation. Tel ne fut pas le cas lors de la mise en place de la réforme portant sur l’autonomie des universités. Aussi pouvez-vous nous donner connaissance des premiers éléments de diagnostic établis par l’audit actuellement réalisé ? Par ailleurs, quelles dispositions entendez-vous prendre pour assurer la pérennité de l’antenne universitaire de Béziers ?

Il convient d’apporter une réponse non seulement aux étudiants, mais également à Mme la présidente de l’université de Montpellier-III, qui, lors d’une réunion à Béziers, a fustigé l’attitude du Gouvernement en déclarant que les chiffres donnés par le ministère étaient faux, ce que je ne crois pas. (Applaudissements sur les travées du RDSE.)

M. le président.(Raffarin) La parole est à Mme la ministre.

Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Je vous remercie, monsieur le sénateur, de votre question, car vous me permettez de faire le point sur un dossier qui fait beaucoup de bruit dans les médias, mais là n’est pas la question. Ce qui nous intéresse, c’est la situation réelle des universités au moment du passage aux RCE, les responsabilités et compétences élargies, c’est-à-dire au moment du passage réel à l’autonomie.

Un certain nombre d’universités – pas toutes ! –, devenues autonomes entre 2008 et 2012, sont effectivement aujourd’hui en difficulté. C’est la première année du passage aux RCE qui est la plus difficile, dans la mesure où les universités ne tenaient pas compte dans leur comptabilité des dotations aux amortissements, qu’il est pourtant nécessaire d’intégrer. Mes prédécesseurs n’avaient ni préparé ni anticipé cette période particulièrement difficile, que nous nous sommes engagés, pour notre part, à accompagner.

En ce qui concerne Montpellier-III, j’ai appris comme vous par la presse qu’un déficit de 3 millions d’euros était envisagé, ce dont je me suis étonnée, puisque l’on nous avait annoncé il y a quelques mois un solde positif. J’ai également appris par la presse que le conseil d’administration envisageait de fermer l’antenne de Béziers pour la rentrée de 2014.

Je me suis exprimée à plusieurs reprises en faveur de ces pôles que je refuse de qualifier de « secondaires » et que je préfère appeler « pôles de proximité », parce qu’ils accueillent davantage d’étudiants boursiers, ont un taux de réussite et d’insertion professionnelle important et donnent à des jeunes dépourvus des moyens financiers leur permettant de rejoindre une métropole la possibilité de poursuivre des études.

C’est la raison pour laquelle j’ai aussitôt commandité un audit sur place, dont je n’ai pas encore les résultats. Et je ne m’aventurerai pas à vous communiquer des résultats partiels ! Un certain nombre de phénomènes devront trouver une explication. Ainsi, je m’interroge sur les raisons qui ont transformé une prévision positive en un résultat prévisionnel négatif, même s’il faut insister sur ce caractère prévisionnel, à ce stade.

Dans tous les cas de figure, le ministère s’engage à accompagner l’université de Montpellier-III. Mais il faut être deux pour qu’il y ait discussion, et deux pour qu’il y ait accompagnement ! Nous devons donc travailler ensemble, au bénéfice des étudiants et des familles, pour trouver une issue positive à ces à cette situation aujourd’hui bloquée.

Information relevée dans le Midi-Libre ici


La présidente de l’Université de Montpellier III : "Je n’ai plus les moyens"

Le Midi Libre, VINCENT COSTE, 12 octobre 2013

Fermeture du site de Béziers ou étudiants tirés au sort : Anne Fraïsse, présidente de l’Université de Montpellier III, détaille les raisons de ses décisions radicales .

Vous motivez les décisions de votre conseil d’administration (lire ci-contre) par la situation financière difficile de l’Université Montpellier III. Quelle est-elle réellement ?
Avec la loi sur l’autonomie des universités, nous avions dit que nous ne tiendrions pas deux ans (1). On y est. Nous y sommes passés en janvier 2012, avec la dernière vague. Depuis, nos moyens diminuent et nos charges augmentent. Et nous sommes en déficit depuis deux ans. Notre budget est de 98 M€, avec 85 % dédié à la masse salariale. Il reste trop peu en fonctionnement et investissement pour pouvoir jouer dessus. La masse salariale reste notre seule marge de manœuvre.

Et vos effectifs augmentent ?
Depuis cinq ans, sans cesse. Cette rentrée, on va dépasser les 20 000 étudiants. Là, il faut arrêter. On a gagné 6 000 étudiants en cinq ans !

Comment l’expliquez-vous ?
Nous sommes bien identifiés en lettres et sciences humaines, surtout que les autres fusionnent. Nous avons le plus d’étudiants hors académie. Nous sommes attractifs, avec de bons résultats, contrairement à ce qui se dit parfois. La ville est agréable.

[…]


CA de l’Université Paul Valéry Montpellier 3, 8 octobre.

  • Adoption de la motion de l’AG réunie la semaine précédente.

"Nous, étudiants et personnels, membres du conseil d’administration, demandons au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche de restituer à l’université Montpellier III les 3.6 millions manquants pour remettre à l’équilibre le budget.
Conscients que les décisions du Conseil d’Administration ne sont que des mesures de gestion de la pénurie, nous soutenons le mouvement de mobilisation des étudiants et personnels, notamment en attribuant la demi-journée banalisée dès 12h, le jeudi 10 octobre. En effet, ce n’est pas à la communauté universitaire de faire les frais des politiques d’austérité. Nous tenons à rappeler notre attachement au service public et à une université libre et accessible à tous.
La situation de notre Université n’étant hélas pas une exception et la rigueur du gouvernement menaçant le budget de l’ensemble des Universités, nous appelons l’ensemble des Universités à soutenir nos actions.
"

  • Et de la motion présentée par le Snesup-Fsu et adoptée à l’unanimité au CA de l’université Paul-Valéry Montpellier 3 le 08/10/13
    PDF - 64.7 ko
    Motion FSU

A la fac de Béziers, les étudiants en « lutte » avec la présidente contre la ministre.

Antoine GUIRAL, Libération, 9 octobre 2013

La présidente de l’université Montpellier-III, Anne Fraïsse, s’est exprimée, ce mercredi matin, devant les étudiants, pour expliquer sa décision de fermer l’antenne de Béziers.

Lire l’article entier ici


Anne Fraïsse répond à sa Ministre.

7 octobre 2013

PDF - 1.2 Mo
Lettre Fraïsse 7 oct

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Extrait :


Fioraso : « Je suis contre la fermeture de la fac de Béziers »

Véronique SOULÉ, Libération, 3 octobre

La ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, défend les pôles de proximité et vante des mesures pour les boursiers.
La rentrée universitaire a été marquée par l’annonce spectaculaire de la présidente de Montpellier-III, Anne Fraïsse, qu’elle allait fermer l’antenne de Béziers en raison de difficultés financières. « Une décision incompréhensible », réplique la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso.

Une quinzaine d’universités sont en déficit : le gouvernement est-il à la hauteur ?
Nous essayons d’être à la hauteur de nos ambitions. Certes, pour relever le défi de l’image de la France dans le monde, il faudrait encore davantage de moyens. Mais nous sommes dans un contexte budgétaire serré. Tous les établissements publics doivent faire des efforts. Malgré cela, j’ai un budget qui augmente année après année : pour les universités, la hausse a été de 2% en moyenne de 2012 à 2013, et de 0,9% de 2013 à 2014.

Une antenne universitaire risque tout de même de fermer…
Toutes les universités ne se portent pas mal. Et Montpellier-III est un cas spécifique. En juin, sa présidente nous assurait que son budget 2012 serait positif. Et en septembre, j’apprends par la presse [1] qu’il sera déficitaire et que son antenne de Béziers fermera en septembre 2014. Nous ne voyons pas de raisons objectives à ce retournement. Montpellier-III est passée à l’autonomie en 2012. Le ministère lui a alors transféré 64,5 millions d’euros pour sa masse salariale, en hausse par rapport à l’année précédente (62,9 millions d’euros). Nous attendons les résultats d’un audit interne que nous avons commandé. Si Montpellier-III est en difficulté, nous ferons comme pour les autres : nous l’accompagnerons dans le redressement de ses comptes. L’université compte, par exemple, 35 parcours de master avec moins de 15 étudiants. On doit pouvoir rationaliser ! J’ai été enseignante. On n’enseigne pas mieux à 7 étudiants, et ceux-ci préfèrent être plus nombreux, c’est plus stimulant.
[…]


Pourquoi fermer la fac de Béziers ?

Libération (page Rebonds) ; Anne Fraïsse Présidente de l’université Paul-Valéry, Montpellier-3, 30 septembre 2013.

Madame la Ministre,

Vous agissez comme un médecin qui provoquerait la fièvre de ses malades, essaierait de les guérir par d’énergiques poisons et s’étonnerait de les voir mourir guéris. Je ne doute pas, qu’une fois traitées par « la procédure d’accompagnement » mise en place par vos équipes, les universités ne soient plus en déficit ; nous connaissons tous les remèdes proposés et les « solutions pour revenir à l’équilibre » qui s’apparentent beaucoup aux mesures de la loi LRU, celles-là mêmes auxquelles nous devons la mauvaise santé de nos universités.C’est sans doute ce que l’on appelle soigner le mal par le mal.

En vérité, Mme la Ministre, vous ignorez les difficultés de vos universités, et de la mienne en particulier ? Vous êtes bien la seule.

Vous ne voulez pas qu’on crée des quotas (plus exactement des capacités d’accueil), ils existent déjà.

Vous inventez dans votre loi « la spécialisation progressive, les troncs communs, l’orientation choisie et accompagnée ». Le gouvernement précédent les a mis en place il y a quatre ans.

Découvrez-vous aussi les gels de postes, les fermetures de formations et les déficits accumulés ? Voyez vos comités sur le sauvetage des disciplines rares et vos mesures d’accompagnement pour universités en déficit. Ouvrez les yeux, Mme la Ministre.

Bien sûr, la fermeture de Béziers, l’inquiétude des étudiants ; ce n’est pas la faute de l’État, c’est la mienne. Mauvaise gestion, trop de formations, trop de personnels. Je ne répondrai pas ici à ces accusations destinées à éluder le problème. Vous ne pouviez officiellement ignorer la situation de mon université puisque M. le Recteur la connaissait.

Ce que vous me reprochez, c’est de ne pas avoir réclamé « la procédure d’accompagnement par le ministère », mise en place par vos soins, système discret pour soigner la maladie honteuse que deux gouvernements successifs ont inoculée à nos établissements pour multiplier, sous couvert de traitement, des saignées dans la masse salariale qui rétablissent peut-être nos budgets mais nous laissent exsangues. Mme la Ministre, je vous soupçonne, votre équipe et vous, d’être de mauvais médecins et je refuse que mon université soit traitée dans votre hôpital, ou plus exactement, puisque la chose est vraisemblablement inévitable, cela se fera publiquement et vous ne nous proposerez pas vos purges et amputations sans que tous n’en soient informés.

C’est un vilain travail que je ne ferai pas pour vous et dont vous prendrez la responsabilité. Car il est temps d’assumer la politique que vous avez héritée du précédent gouvernement et que vous continuez à pratiquer.

Non, l’État ne s’engage pas et n’augmente pas le budget des universités quand il accroît les charges et les prélèvements divers et retire de la main gauche ce qu’il a donné de la main droite.

Non, la loi LRU ne donne aucune autonomie financière aux universités, elle est faite pour organiser de force la réduction de la masse salariale en mettant nos établissements à plus ou moins long terme en déficit structurel.

Non, vous ne pouvez de façon crédible « réaffirmer le rôle et la place des campus de proximité », dire votre attachement « au travail en réseau » car c’est nécessairement ce que vont détruire en premier les coupes pratiquées dans cette masse salariale.

Ce que vous appelez pudiquement « redressement des universités et réduction de la masse salariale », c’est la diminution des postes, moins de personnels, moins de recherche et moins de formations. Moins de formations, moins d’étudiants formés et des suppressions de sites, c’est une logique purement comptable. Et les courbes qui montrent que le développement de l’enseignement supérieur repose actuellement sur la croissance des formations privées le démontrent amplement.

Mme la Ministre, vous aimez les sites délocalisés, vous aimez les universités, vous aimez les Lettres langages et arts (LLA) ainsi que les Sciences humaines et sociales (SHS), vous nous l’avez souvent dit ; alors permettez-moi de vous réciter un petit poème de Prévert qui vous dira le fond de ma pensée.

« Tu dis que tu aimes la pluie et tu fermes la fenêtre / Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue / Tu dis que tu aimes les poissons et tu les pêches et tu les manges / Alors quand tu dis que tu m’aimes / J’ai un peu peur. »

Mme la Ministre, je crois que vous nous aimez trop et je ne voudrais pas que mon université, tout entière Lettres langages et arts et Sciences humaines et sociales, avec une antenne délocalisée et donc trois fois aimée, termine dans votre assiette sous la forme d’une arête.

Aimez-nous moins, Mme la Ministre, mais changez de politique et n’empêchez pas nos universités de remplir leurs missions.


Lire aussi « Il faut soutenir le soldat Fraïsse ! » de Pierre Dubois sur son blog ici


Ainsi que l’excellent billet de Pascal Maillard

« Appel à une opération vérité sur les budgets des universités »

Mediapart, 2 octobre 2013 ici


La présidente de Montpellier-III veut toujours fermer Béziers

Libération, 26 septembre 2013

« Ou l’Etat prend en compte le rôle social des universités ou il ne le fait pas, et voilà ce qui arrive. » Anne Fraïsse, la présidente de l’université Paul-Valéry Montpellier-III, a persisté hier lors de la conférence de presse de rentrée des présidents d’université.[…]
La Conférence de présidents d’universités (la CPU) était plus indulgente à l’égard de l’Etat. Son président, Jean-Loup Salzmann, s’est dit « soulagé » par un budget de l’enseignement supérieur et de la recherche quasiment stable - en hausse de 0,5 % selon la ministre, Geneviève Fioraso.


Montpellier : l’Etat se met la fac à dos

Antoine GUIRAL Envoyé spécial de Libération à Béziers, Libération, 25 septembre 2013

Accusant le gouvernement de se décharger de ses responsabilités, l’université déficitaire menace de fermer son antenne de Béziers. Où l’annonce a provoqué la stupeur.

Plus d’argent, on ferme ! Voilà sans aucun doute la plus belle démonstration par l’absurde de cette rentrée universitaire. La semaine dernière, par un geste aussi radical que politique, Anne Fraïsse, présidente de la grande université de sciences humaines Paul-Valéry (Montpellier-III) a décidé de mettre l’Etat face à ses responsabilités et à ses contradictions. Pour combler en partie un déficit structurel de 3,5 millions d’euros par an, le conseil d’administration de son université (98 millions de budget) a voté un plan d’économies dont la mesure phare est la suppression de son antenne de Béziers à la rentrée 2014. Résultats à terme : 700 étudiants sur le carreau, un magnifique bâtiment moderne abandonné, un traumatisme pour une ville déjà sinistrée (16% de chômage) et une aubaine pour Robert Ménard, ex-président de Reporters sans frontières et candidat du Front national aux municipales de 2014. […]


Relire notre article "Du rififi à Montpellier 3"

Mort de Bertrand Du Guesclin. Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet.

Le 13 juillet 1380, il faisait chaud en Lozère à la mort de Du Guesclin. On décida donc de l’embaumer pour le ramener à Guingamp selon ses vœux et de conserver pieusement ses viscères au Puy en Velay. Mais en l’absence des embaumeurs royaux, le travail fut confié à des amateurs…
À peine parvenu à Montferrand, le charroi était tellement couvert de mouches qu’on fut contraint de faire bouillir le corps dans un grand chaudron à la mode teutonne, de séparer la chair du squelette, et en route pour la Bretagne. Mais Charles V en voulait aussi du connétable ! Au bout du compte, les boyaux sont au Puy, la viande à Montferrand, les os à Saint-Denis et le cœur à Dinan.

La dilaceratio corporis, c’est gore !


A Béziers, Robert Ménard et le Front national en embuscade

Nathalie Brafman, Le monde (abonnés)

Il faut sauver l’antenne universitaire Du Guesclin de Béziers. Depuis l’annonce fracassante de la présidente de l’université de Montpellier 3 Paul-Valéry, Anne Fraïsse, de fermer dès la rentrée 2014 ce campus pour cause de difficultés financières, les divisions politiques sont oubliées. Les élus de tous bords parlent d’une même voix : la ville est dans une telle situation de désastre qu’il ne lui manquerait plus que de se passer de son université.

Officiellement, c’est donc l’union sacrée. Mais, en coulisses, à six mois des municipales, c’est un autre jeu qui se joue. Créé en 1996, sous l’impulsion de Raymond Couderc, sénateur et maire UMP de Béziers depuis 1995, le centre Du Guesclin accueille 700 étudiants. La ville paie même les frais de déplacements et les frais de bouche des professeurs qui font le déplacement depuis Montpellier. Ce qui lui a valu d’être épinglé par la chambre régionale des comptes.

Parmi ces étudiants, la plupart sont d’origine modeste, enfants de viticulteurs, d’employés, de petits commerçants... beaucoup sont obligés de travailler, à Auchan ou au centre commercial Le Polygone. 70 % sont boursiers et les deux tiers dans les échelons les plus élevés.

RÔLE SOCIAL IMPORTANT

En cas de fermeture effective, ces jeunes n’auraient pas les moyens d’aller étudier à Montpellier et n’auraient donc pas ou plus accès à l’enseignement supérieur. Or, dans une ville qui compte plus de 15 % de chômage – un Biterrois sur six est au RSA – et qui continue d’attirer de nouveaux arrivants grâce à son climat et ses loyers abordables, ce pôle universitaire joue un rôle social important.

A six mois des élections municipales, et même s’il semble peu probable, qu’un gouvernement de gauche ferme un centre universitaire, le sujet s’est invité dans le débat. Une aubaine pour l’ancien fondateur de Reporters sans frontières Robert Ménard, qui brigue la mairie, soutenu par le Front national.

D’autant que la ville a, par ailleurs, déroulé le tapis rouge afin qu’une université privée spécialisée dans la santé, Fernando-Pessoa, et dont les frais d’inscriptions avoisinent les 10 000 euros, doit ouvrir mi-octobre.

"Même si la présidente de Montpellier 3 obtient une rallonge, cela ne réglera rien et il faudra se poser la question de savoir ce que peut-être une antenne universitaire située à 60 kilomètres de Montpellier", estime d’emblée Robert Ménard.

"VAUTOURS" ET "BRAVOURES"

L’antenne universitaire Du Guesclin propose huit licences (psychologie, histoire, espagnol, arts et lettres, administration économique et sociale...). "Mais, c’est un doublon de ce qu’on enseigne à Montpellier 3 et un étudiant à Béziers me coûte le double", affirme Anne Fraïsse, sa présidente. Le taux d’encadrement y est très élevé : 100 professeurs pour 700 étudiants.

Fermer le campus ? La droite ne l’envisage pas une seconde. "Béziers ne peut pas être la simple variable d’ajustement d’un budget", martèle Elie Aboud, député et candidat UMP aux municipales, Raymond Couderc ayant annoncé, en juin, qu’il ne briguerait pas un quatrième mandat. Pour Robert Ménard, il faut aller plus loin que "les petites phrases". "Ce campus répond à des raisons sociales. Il faut désormais lui trouver une place spécifique dans les enseignements proposés. Alors l’argument d’aller étudier à Montpellier ne tiendra plus", argumente-t-il.

Alors que le FN ne cesse de progresser, les propos de Robert Ménard embarrassent sans doute encore un peu plus la droite. "Dans cette affaire, il y a des hommes politiques vautours et des hommes politiques ’bravoures’", conclut Elie Aboud. Une façon de "tacler" Robert Ménard qui clame depuis des mois qu’à Béziers "rien ne marche".


[1Comment ! le recteur ne lui a rien dit ? (note de SLU- relire ici)