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« Islamo-gauchisme » à l’université : la ministre Frédérique Vidal accusée d’abus de pouvoir devant le Conseil d’Etat - Soazig Le Nevé, Le Monde, 9 juin 2021

jeudi 10 juin 2021, par Mariannick

Six enseignants-chercheurs ont déposé en avril un recours devant le Conseil d’Etat. La ministre de l’enseignement supérieur va devoir justifier sa décision d’ouvrir une enquête sur l’« islamo-gauchisme à l’université ».

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Qu’est devenue l’enquête sur « l’islamo-gauchisme à l’université » voulue par la ministre de l’enseignement supérieur ? Le 14 février, Frédérique Vidal annonçait sur CNews qu’elle allait demander, « notamment au CNRS », de mener une enquête portant sur « l’ensemble des courants de recherche » en lien avec « l’islamo-gauchisme » à l’université. Deux jours plus tard, à l’Assemblée nationale, elle confirmait la mise en place d’« un bilan de l’ensemble des recherches » en vue de « distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ».

Quatre mois ont passé et c’est le silence complet. Sollicité par Le Monde à de multiples reprises, l’entourage de la ministre refuse d’indiquer si une enquête a été lancée et, le cas échéant, à qui a été confié le soin de la mener, le CNRS ayant décliné la demande.

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Le 7 mai, le Conseil d’Etat – qui a rejeté le référé – a transmis la requête en annulation au ministère pour l’interroger sur sa position. « La ministre de l’enseignement supérieur dispose désormais de deux mois pour démontrer que sa décision ne constitue pas un détournement des pouvoirs et des attributions qui lui sont confiés », indiquent MM. Bourdon et Brengarth. « Info ou intox ? Les masques vont tomber. Quand on a suscité un tel émoi, il est essentiel que la ministre assume soit la décision, soit le rétropédalage  », ajoute William Bourdon.

Si le Conseil d’État s’est déclaré incompétent, il demande au ministère des explications, souligne Fabien Jobard, l’un des requérants, chercheur au CNRS, spécialiste des questions pénales. « Il agit comme une commission d’accès aux documents administratifs en demandant à Mme Vidal de nous dire ce qu’il en est. Soit oui, une commission existe avec tel et tel membre, soit non – c’est le plus probable –, il n’y a pas de commission d’enquête  », projette-t-il.

Ce second scénario est tout aussi « inquiétant » que le premier pour Fabien Jobard : « Cela voudrait dire qu’on gouverne à coups de propos comminatoires et de menaces et ce n’est pas tolérable », commente-t-il. La démarche du Conseil d’Etat serait alors en mesure de « rappeler que lorsqu’un ministre s’engage devant la représentation nationale, il est garant de ce qu’il dit mettre en avant, sans quoi la parole politique s’en trouve décrédibilisée et l’insécurité juridique décuplée  », estime le sociologue.

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