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Universités : le mirage des regroupements - Bernard Belloc, Les Échos, 21 mai 2014

mercredi 21 mai 2014, par Cécile

Quand Bernard Belloc rêve de "de dix à quinze universités principalement orientées vers la recherche et ses applications, qui tireraient le système vers haut, tous les autres établissements devenant des universités orientées uniquement vers la formation"...qui tirent vers le bas ??? Meuh non, "il faudrait aussi soutenir significativement les universités et les écoles qui opteraient pour devenir de purs établissements de formation"... Rêves de pureté ?!

A lire sur le site des Echos.

Les regroupements d’établissements d’enseignement supérieur prévus par la loi dite ESR portée par Geneviève Fioraso en 2012 font actuellement l’objet de débats très vifs. La loi prévoit diverses formes de regroupements, donnant l’impression d’une grande liberté laissée aux acteurs. En réalité, la méthode semble ne laisser que peu de place à l’autonomie des établissements concernés.

Certains se laissent tromper par le mirage de regroupements qui sembleraient renforcer le système français d’enseignement supérieur. Mais le système français n’est pas faible de sa complexité et de ses divisions. Rappelons par exemple que l’enseignement supérieur américain est extrêmement atomisé avec ses systèmes publics, ses universités publiques, ses universités privées et ses collèges, et des statuts tous différents d’un Etat à l’autre, d’un établissement à l’autre ! Dans le domaine universitaire, la qualité n’est pas une question de taille et de simplicité. Les choses seraient trop faciles !

Ce qui manque en fait à la France, c’est un ensemble de dix à quinze universités principalement orientées vers la recherche et ses applications, qui tireraient le système vers haut, tous les autres établissements devenant des universités orientées uniquement vers la formation, un système de passerelles permettant aux étudiants qui le veulent et le peuvent de changer de voie. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Chine même, c’est sur cette distinction universités de recherche-universités de formation que repose l’organisation du paysage universitaire. Les Comue (communautés d’université et d’établissements) et autres mariages régionaux promus par la loi ESR rapprochent des institutions disparates sans aucun souci de faire apparaître des établissements qui seraient plutôt orientés vers la recherche et ceux qui le seraient vers la formation.
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Mais il faudrait aussi soutenir significativement les universités et les écoles qui opteraient pour devenir de purs établissements de formation. Il faudrait leur donner les incitations nécessaires pour qu’elles se tournent résolument et avec efficacité vers le marché du travail.

Les rapprochements imposés par la loi ESR n’ont aucune chance d’aboutir à la création de ces universités de recherche qui manquent tant à la France pour fonder solidement son développement sur la recherche et l’innovation. Ils n’ont non plus aucune chance de faire apparaitre davantage d’établissements performants pour l’insertion professionnelle de leurs diplômés. Ils vont conduire à la création d’établissements publics indifférenciés, au sein desquels la prime sera donnée au nombre et à la taille, sans souci ni de la qualité de la recherche ni de l’efficacité de la formation. Dans le meilleur des cas, ce sera une opération de simplification administrative des relations entre l’Etat et ses établissements d’enseignement supérieur et, dans le pire, une couche supplémentaire dans le millefeuille administratif.

Bernard Belloc est président honoraire de l’université de Toulouse-I Capitole, ancien conseiller enseignement supérieur et recherche du président Sarkozy.