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Bac 2019 : le chaos c’est Blanquer - Dossier SLU, 8 juillet 2019

lundi 8 juillet 2019, par Mariannick

Notes inventées, jurys négligés, prof bashing à grande échelle…
La porte-parole du gouvernement assurant que les profs n’étant pas élus, ils pourraient faire grève à un moment moins gênant (en mars ou en août ?), et pour calmer le jeu, le président de la République assénant “on ne peut pas prendre nos enfants et leur famille en otage”…

Une sorte de revue de presse avec plein de morceaux de Fred Sochard à l’intérieur.


Baccalauréat 2019 : l’histoire d’un fiasco

Faïza Zerouala, Mediapart, 7 juillet 2019.

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Comme chaque année, des jurys de délibération se sont tenus un peu partout à la veille du rendu des résultats du baccalauréat, le 5 juillet. Seulement, une partie des enseignants a décidé de procéder à une rétention des notes, c’est-à-dire corriger les copies, mais ne pas rentrer les résultats dans le logiciel dédié. Le ministère parle de 30 000 copies manquantes, le jour de délibération des jurys du baccalauréat, là où le collectif Bloquons Blanquer en dénombre 126 000.

De fait, ces jurys, destinés à discuter des cas de chaque élève ou d’harmoniser les notes si besoin, se sont tenus dans un certain chaos. Le ministère, parlait de 100 jurys perturbés sur 1 500, chiffre difficilement vérifiable. Là encore, le décompte du collectif Bloquons Blanquer diverge, et a recensé pour sa part 300 jurys perturbés.

Plusieurs enseignants convoqués ont raconté à Mediapart les perturbations qui les ont émaillés. Une enseignante explique n’avoir jamais vu ça en quinze ans de carrière. Dans son jury, aucun livret scolaire n’avait été communiqué par le service interacadémique des examens et concours (SIEC), chargé d’organiser ces commissions en Île-de-France. D’autres disent avoir subi des pressions du chef de centre d’examen parce qu’ils ont refusé de discuter des cas des élèves aux notes incalculables. Tous témoignent d’une désorganisation inédite.

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« C’était du style “il a eu 8 en maths mais 12 en histoire, donc il aurait sans doute eu 12 en philo !” Certains profs ont voulu partir, on nous a menacés d’être considérés comme grévistes et de perdre trois jours de salaire. Et quoi qu’il en soit, le chef de centre pouvait modifier les notes contre notre avis », rapporte par exemple, une enseignante dans Libération.


Crise du bac : et maintenant ?

Marie Piquemal, Libération, 7 juillet 2019

Le président de la République parle à son tour de « prise d’otage », les profs-correcteurs se désolent des irrégularités constatées lors des jurys d’examen… Cette nouvelle semaine, alors qu’auront lieu les oraux de rattrapage, s’annonce tendue.

Ce lundi commencent les épreuves de rattrapage du baccalauréat dans un contexte très particulier. La semaine dernière s’est joué une crise inédite : des profs grévistes ont refusé de rendre les notes du bac. Le ministre, ne voulant pas céder d’un pouce, a alors demandé aux jurys d’examen d’utiliser les notes du contrôle continu pour les copies manquantes. « Il a eu la bonne réaction », l’a félicité dimanche le président de la République, au micro de France Info. Sauf que dans les faits, les décisions prises ont été très différentes d’un jury à l’autre. Et interrogent : l’égalité de traitement entre candidats a-t-elle été garantie ? Profs et personnels encadrants ont passé le week-end à témoigner leur colère et questionnement. Dans ce contexte, la semaine pourrait encore être agitée.
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Le ministre a choisi de ne pas prêter attention à cela, avant d’être placé au pied du mur. Il a toutefois accusé la presse d’être crédule face aux récits des enseignants grévistes et surtout, a tout fait pour marginaliser ces derniers.

Les enseignants grévistes entendaient par ce truchement inciter le ministre de l’éducation nationale à ouvrir de nouveau le dialogue sur les réformes du baccalauréat et du lycée qu’ils contestent. Ils soulignent notamment son caractère inégalitaire, s’effraient de la rapidité de la mise en œuvre qui les oblige à naviguer à vue, et dénoncent un manque de moyens chroniques. La négociation concrète d’une augmentation salariale qu’ils appellent de leurs vœux ne s’est toujours pas ouverte.


Et pendant ce temps-là, le JDD a tout compris : "Après son bras de fer avec les profs grévistes, Jean-Michel Blanquer a gagné en autorité"



Billet de blog de Pascal Maillard dans Mediapart, 4 juillet 2019

Blanquer saborde le Bac

Face à l’ampleur des grèves de jurys de bac, Blanquer débloque en faisant le choix du passage en force et de l’illégalité. Ce ne sont pas les grévistes qui mettent en danger le Bac, mais les réformes du gouvernement et le refus permanent du dialogue.

[…]Le SNES-FSU alerte dans un communiqué de ce jour sur la multiplication des irrégularités commises suite aux instructions du ministre. Blanquer « sème le chaos » pour faire porter la responsabilité des perturbations sur les enseignants. Ainsi qu’en atteste le "Protocole de publication des résultats" que je reproduis ci-dessous, il assume le risque d’inventer des bacheliers provisoires, potentiellement des milliers de lycéens et lycéennes reçus le 5 juillet et recalés la semaine suivante, ou recalés puis admis. On notera au passage qu’instruction a bien été donnée d’inventer des notes pour telle ou telle épreuve à partir de la moyenne des autres notes du Bac, quand le candidat ne dispose pas d’un livret scolaire. Ce protocole sera évidemment attaqué dans des recours au Tribunal administratif. Au moins trois principes ont été violés dans le fonctionnement de très nombreux jurys : celui de l’égalité des candidats, celui de l’anonymat et celui de la souveraineté des jurys.[…]