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Que cache la COMUE Sorbonne universités ? - CGT UPMC, 23 juin 2014

vendredi 4 juillet 2014, par Mariannick

Les universités sont engagées actuellement dans un vaste mouvement de regroupement rendu obligatoire par la loi sur l’enseignement supérieur (dite loi « Fioraso »). La date limite pour le dépôt des nouveaux statuts est le 22 juillet. La très grande majorité des universités vont se regrouper sous forme de COMUE (COMmunauté d’Universités et d’Etablissements), alors que la loi prévoit d’autres modes de regroupements possibles (l’association qui est un regroupement préservant davantage l’autonomie des universités, ou la fusion en une seule grande université)

Les COMUE sont des EPSCP, comme les universités. Elles ont pour vocation de coordonner. Coordonner cela veut dire mettre en commun. Mettre en commun cela veut dire abandonner tout ou une partie des missions des universités : formation, recherche, valorisation et diffusion des connaissances, orientation, insertion professionnelle et transfert des technologies. Abandonner, cela veut dire que chaque établissement de la COMUE abandonne toute souveraineté du domaine "partagé" à la COMUE. C’est le CA de la COMUE qui décidera de cette mise en commun qui va fonctionner comme un mécano. Les CA des COMUE seront élus au suffrage indirect, ils auront peu de légitimité démocratique et ne relaieront pas les préoccupations des salariés des établissements.

Contrairement à ce qui a été dit dans un premier temps, les COMUE pourront assurer des formations et délivrer des diplômes. Ainsi il est déjà prévu que les nouveaux établissements de formation des enseignants du second degré (les ESPE) seront gérés directement par les COMUE. Cela peut être aussi le cas pour n’importe laquelle des formations, mais aussi pour une composante ou pour un laboratoire. Dans ce cas, le budget de fonctionnement, la masse salariale et les emplois nécessaires sont transférés à la COMUE.

Si les statuts initiaux de la COMUE ne le prévoient pas, les règles de modification des statuts sont telles que les directions des COMUE pourront les faire évoluer progressivement, sans aucun contrôle, et en toute opacité, pour que la COMUE devienne à terme une université de plein exercice. La décision de la COMUE s’imposera à tous les membres.

En ce qui concerne notre université, l’UPMC est engagée dans la constitution d’une COMUE nommée Sorbonne universités, dont les statuts sont actuellement écrits sans que les salariés ou les étudiants ne soient réellement informés ou consultés. Ce mastodonte regroupera une douzaine d’établissements de taille, de nature et de philosophie très différents. En particulier Sorbonne Université comprendra l’INSEAD, une école de commerce privée qui facture à ses étudiants des droits d’inscription pouvant aller jusqu’à 40 000 euros. Sorbonne Université permettra donc à cette école de s’acheter une légitimité académique et contribuera à entretenir la confusion entre enseignements public et enseignement privé.

A terme on voit l’usage qui pourrait être fait de Sorbonne Université pour mettre en place cette université à deux vitesses que nous condamnons depuis longtemps. Avec d’un côté des formations élitistes et payantes concentrées sur un nombre réduit de sites et, d’un autre côté, des formations de moindre qualité pour former la masse des étudiants.

Les COMUE sont de véritables machines de démantèlement à la découpe du Service public d’enseignement supérieur et de recherche. Même si le régime de l’association pourrait constituer une manière de résister, il ne pèserait pas bien lourd face à cette déferlante. Nous n’avons pas à hésiter à nous prononcer résolument CONTRE la création de la COMUE Sorbonne universités.

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