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Aix-Marseille, laboratoire de la fusion des universités - Christelle Gérand, Le Monde Diplomatique, septembre 2016

Le pari du gigantisme pour grimper dans les classements internationaux

lundi 5 septembre 2016, par Mademoiselle de Scudéry

Fondées pour dispenser des savoirs et préparer à la recherche, les universités françaises se transforment. Pour se faire une place dans le supermarché mondial de l’enseignement supérieur, les établissements rendus « autonomes » par la réforme de 2007 fusionnent. Les exigences scientifiques et pédagogiques fondamentales se heurtent alors à l’expansion d’une bureaucratie libérale.

Surplombant le Vieux-Port de la grâce imposante de son architecture impériale, le siège de la présidence d’Aix-Marseille Université (AMU) donne le ton. L’établissement, né le 1er janvier 2012 de la fusion des universités de Provence, de la Méditerranée et Paul-Cézanne, se targue d’être devenu, avec 74 000 étudiants, la plus grande université francophone du monde. Projet « métropolitain » avant l’heure, il voit sa bannière turquoise et jaune sur fond blanc flotter d’Aix-en-Provence à Marseille.

« Une université à l’ambition internationale », proclame le slogan d’AMU sur toutes les plaquettes publicitaires. La fusion doit permettre aux facultés d’atteindre des tailles suffisantes pour rayonner au-delà des frontières hexagonales. Le mouvement a été amorcé par l’université de Strasbourg en 2009 et soutenu par Mme Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur (2007-2011) du gouvernement Fillon, qui s’était juré de « réparer les dégâts de Mai 68 ». « Nous sommes des pastilles, vus de Shanghaï », se désolait en juillet 2013 sa successeure socialiste Geneviève Fioraso. Alors que les regroupements entreraient en ligne de compte « dans les classements internationaux de 2015 », la loi du 22 juillet 2013, dite « loi Fioraso », avait donné un an aux universités pour fusionner ou pour se réunir sous forme de communauté ou d’association.

En réalité, selon l’historien Christophe Charle, l’utilité de ces classements « réside moins dans l’information fournie que dans la justification (…) de décisions politiques ou administratives pour forcer les institutions et les personnels à évoluer et à se discipliner en fonction des objectifs fixés d’en haut ». Ils sont ainsi « en complète contradiction avec l’exaltation parallèle de l’autonomie et de l’esprit d’innovation ». Cinq des six critères du classement de Shanghaï étant obtenus par comptage (nombre d’anciens élèves ayant reçu un prix Nobel ou une médaille Fields, quantité d’articles publiés dans les revues Nature et (...)

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