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Le CA de l’Université Paris 8 a voté les statuts de la COMUE "Paris Lumières" - 4 juillet 2014

lundi 7 juillet 2014, par Mariannick

Mise à jour du 7 juillet : le CA de Paris 10 Nanterre vote aussi pour la COMUE (14 oui, 12 non, 2 abstention soit 28 votants sur 30 administrateurs).

Voici la lettre d’un élu d’opposition de Paris 8…

Chers collègues,

Je ne peux pas vous présenter de compte-rendu exhaustif du Conseil d’Administration du CA, car j’ai refusé de continuer d’y siéger dès lors que les statuts de la Comue étaient entérinés par cette singulière instance.

Je peux donc simplement faire un rapport concernant une séquence dont nous aurons longtemps à subir les effets.

Les faits.

Ce 4 juillet, les statuts de la COMUE ont été votés par tous les présents, hormis Antonin Bensoussan (étudiant / MUR), Marina Blon (BIATOSS/ CGT), Jean-Jacques Bourdin (enseignant/P8-VO), Eric Lecerf (enseignant/P8-V0), Marion Mainfray (BIATOSS/Dionysoise)

Un représentant de l’UNEF s’est abstenu.

Ainsi donc :

Ce 4 juillet, ce CA s’est prononcé de façon massive pour ces statuts alors même que les organisations syndicales de P8 et de P10 s’étaient unanimement prononcées contre.

Ce 4 juillet, ce CA s’est prononcé de façon immédiate pour ces statuts après avoir, sans honte aucune, voté la semaine passée, une motion de soutien aux universités qui réclamaient un moratoire. [1]

Ce 4 juillet, ce CA s’est prononcé de la façon la plus lâche pour ces statuts, préférant se jouer la farce de la bonne aubaine plutôt que de reconnaître qu’il ne faisait que se soumettre à la volonté du Ministère.

Ce 4 juillet, ce CA nous a engagé dans la création d’une structure qui, demain, au nom des mille et une mises en conformité que ne cessera de réclamer le ministère, nous fera renoncer aux pratiques que nous avons défendues.

Car ce 4 juillet, ce CA a acheté son avenir avec de la fausse monnaie. Aujourd’hui, on parle de « compétences partagées », de « structure fédérative », mais tout cela n’est que du vent.

J’affirme, ce 4 juillet 2014, que d’ici 2019 :

- les écoles doctorales – et donc la recherche – relèveront de l’Université Paris Lumières
- les services et les niveaux d’enseignement des MCF et des PR seront distincts [2]
- l’offre de formation de nos masters aura été « rationalisée » dans un souci d’assurer une convergence avec P10
- Les « bonnes pratiques » de gestion du personnel – de tout le personnel ! – auront déjà connu leur traduction dans une gestion individualisée des carrières.

Comme un écran de fumée, on a fait passer devant nous le spectre de la fusion. Mais la COMUE n’a nullement intérêt à cette fusion. Elle est une instance de décision qui, à termes, deviendra prépondérante, mais qui sera d’autant plus efficace qu’elle sera autonome vis-à-vis des établissements. La COMUE a pour vocation de devenir une instance de décision contre laquelle nous ne pèserons guère plus que des salariés d’une boîte sous-traitante vis-à-vis de la maison mère. Et ce ne sont pas ces statuts, qui pourront demain être modifiés sur un vote du CA de la COMUE qui nous garantissent quelque contrôle que ce soit.

La COMUE est une institution qui ne pourra exister que dans une extension du champ de ses prérogatives, et ceci dans un contexte où c’est bien cet effet-là qui est visé, à savoir une volonté politique de rendre impossible une mobilisation des universités contre les effets de la crise.

Ce 4 juillet, ce CA a donné un gage au ministère. Un gage de respectabilité, de conformité à l’esprit de restauration qui pollue l’espace politique contemporain. Cette décision est lourde de conséquences et nous en sommes en partie responsables dans la mesure où notre mobilisation n’a pas été à la hauteur des enjeux.

Eric Lecerf, pour P8-VO


[1À lire ici

[2Héritiers de « Vincennes », centre universitaire expérimental, ils sont pour l’heure identiques (note de SLU)