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Des pistes de réflexion pour les futurs "campus d’excellence", Philippe Jacqué, Le Monde, 28 janvier 2010

jeudi 28 janvier 2010, par Mathieu

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Le modèle étranger éclaire la réflexion en cours. Après avoir décidé d’allouer à l’enseignement supérieur et à la recherche 19 milliards d’euros dans le cadre de l’emprunt national, le gouvernement peaufine les modalités de distribution. Ce sont surtout les 7,7 milliards d’euros destinés au financement de cinq à dix "campus d’excellence", qui interrogent.

Le contour de cet appel à projet, prévu pour le mois de mars, s’est un peu précisé avec la remise mardi 26 janvier à Valérie Pécresse d’un rapport d’étape consacré aux leçons des expériences étrangères de "l’excellence universitaire", réalisé par l’économiste Philippe Aghion. La ministre de l’enseignement supérieur souhaitait disposer de ce travail pour préparer l’appel d’offres des campus d’excellence.

Gouvernance équilibrée

Après étude des universités les plus performantes (Harvard, MIT, Cambridge, etc.), l’économiste estime que, pour atteindre l’excellence, un gouvernement doit en même temps renforcer l’autonomie de ses universités, accroître les moyens mis à leur disposition de façon significative et développer des incitations financières, via l’attribution des fonds pour la recherche par appel d’offres. Ces trois actions sont à ses yeux indissociables. "Accroître uniquement les moyens et les incitations financières n’aura que peu d’effets si les établissements ne sont pas à même de transformer et d’être responsabilisés sur leurs choix", assure-t-il.

Et pour le professeur, l’autonomie universitaire ne se limite pas à la seule autonomie de gestion, comme le prévoit la loi d’autonomie des universités, elle inclut une gouvernance équilibrée et forte. "Il n’existe pas de modèle unique de gouvernance équilibrée, mais il existe des constantes, rappelle M. Aghion. Le principe de base est la séparation des pouvoirs entre un conseil d’administration, constitué de représentants extérieurs (professeurs d’autres universités, chef d’entreprise, etc.), qui désigne le président de l’université (aspect administratif) et le provost (aspect académique), et une instance de collégialité de la communauté scientifique, qui monitore le président."

Si le gouvernement n’entend pas réécrire la loi d’autonomie pour mettre en place ce principe au sein même des universités actuelles, il pourrait tout de même devenir l’un des "critères" à respecter pour les ensembles universitaires candidats à l’appel d’offres des campus d’excellence.

Cette proposition de l’économiste n’est pas la seule à séduire le ministère. La structuration de futurs campus multidisciplinaires, offrant des diplômes de la licence au doctorat, en trois niveaux d’organisation offre quelques atouts pour la rue Descartes. Il permet de centrer chaque niveau sur ses compétences. Au campus d’excellence, la gestion de la collecte des fonds, des arbitrages budgétaires et la stratégie générale. Au niveau des composantes (grandes écoles, facultés d’universités), l’organisation de la scolarité et la gestion des étudiants. Enfin, au niveau des départements disciplinaires, la définition des programmes et les recrutements des enseignants-chercheurs. En France, selon M. Aghion, l’Ecole d’économie de Toulouse se rapproche tant en matière de gouvernance que d’organisation, de ce modèle.

Jusqu’à présent, seuls les grands principes de l’appel d’offres sont connus. "Ce que nous exigerons, c’est l’excellence, une nouvelle gouvernance, la contractualisation, l’autonomie, le partenariat avec les entreprises et, évidemment, des résultats", assurait, le 14 décembre 2009, Nicolas Sarkozy.

Ces campus éligibles devront réunir les "meilleures écoles doctorales et les équipes de recherche d’excellence des universités, les meilleures grandes écoles, et ce dans un partenariat étroit avec le monde économique", précisait l’Elysée, le même jour.