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Prof-stagiaires : tirons le vrai bilan de la réforme ! - Anna Alter, Marianne2, 15 octobre 2010

samedi 16 octobre 2010, par Elie

Lâchés dans la fosse au lion sans protection, les professeurs stagiaires demandent simplement à être entendus et encadrés. Leur appel ne semble pas trouver d’écho. Afin d’évoquer ce malaise, Marianne veut leur donner la parole dans le cadre d’une enquête en préparation.

Pour lire cet article sur le site de Marianne2.

Tout va très bien madame la marquise, les profs stagiaires sont surmenés, tombent malades, jettent l’éponge et il y le feu lac, mais le ministère de l’Education Nationale maintient le cap. Les promoteurs de la réforme affirment qu’en régime de croisière, la suppression de l’année de stage - avec un mi-temps dans les classes, un autre à l’IUFM pour discuter de son expérience - n’aura aucune incidence sur les collèges et les lycées.

Les principaux concernés ne sont pas du tout de cet avis et ils savent de quoi ils parlent. « On ne veut pas faire pleurer dans les chaumières, mais on ne s’en sort pas. Enseigner est un métier qui s’apprend et nous on doit assurer 18 heures de cours. Chaque heure nous demande cinq heures de préparation et plus si nous avons 4 niveaux. Le plus aberrant c’est que certains stagiaires sont professeurs principaux et doivent décider de l’orientation des élèves » explique une de ces débutantes qui n’est pas à la fête mais préfère garder l’anonymat. Parce que la titularisation n’intervient qu’au terme de l’année de stage qui est en réalité une année de travail à plein de temps. Pour avoir le poste, il faut être bien noté par l’établissement, le rectorat et le tuteur si on en a un. Ce dernier était prévu dans les textes, mais pas tout le monde n’en a un.

Théoriquement, les stagiaires devaient avoir un professeur expérimenté attitré pour suivre leur évolution et les aider à surmonter les problèmes. Dans la pratique, la plupart des profs refusant d’assumer cette charge pour ne pas cautionner une réforme qui leur déplaît, c’est un collègue de bonne volonté qui se dévoue. Souvent, il n’enseigne même pas dans le même bahut et ses horaires ne lui permettent pas de rendre visite régulièrement à son « apprenti » qui, jeté dans le bain, sans bouées, coule à pic. « Les témoignages se multiplient de débutants épuisés et déjà complètement découragés, à peine quelques semaines après la rentrée. On a beaucoup de mal à obtenir des chiffres et on ne connaît pas le nombre exact de démissions, mais nos équipes nous signalent des cas d’arrêt maladie « chronique » et beaucoup de ces jeunes collègues viennent nous confier leur détresse » note Thierry Cadart, secrétaire générale du SGEN-CFDT. D’après le syndicat, cette année de transition est « presque criminelle ». Les stagiaires arrivent de la province et découvrent simultanément un établissement et un métier difficiles, avec en prime un rythme scolaire particulièrement lourd au premier trimestre. Pas étonnant que dès la première semaine de septembre, des abandons de postes aient été enregistrés dans plusieurs ZEP (Zone d’éducation prioritaire, ndlr). Seuls quelques recteurs et membres d’inspection reconnaissent à demi-mot que le nouveau dispositif n’est pas satisfaisant. Les cobayes qui n’ont pas à qui confier leur malaise mais qui pensent que leur mission est impossible se sont réunis dans un collectif indépendant. « Nous voulons alerter sur cette situation qui n’est pas normale. Nous demandons de remplacer des heures de cours par des heures de formation pour pouvoir discuter de notre expérience. Nous aimons notre métier, nous l’avons choisi mais nous ne pouvons pas l’exercer correctement faute de temps » explique une des stagiaires en colère du collectif « stagiaire impossible » qui est soutenu pas tous les syndicats de l’enseignement secondaire. Une première assemblée générale se tiendra le 20 octobre à 17 heures à la Bourse du travail, 3 rue du Château d’eau, Paris 10. Dès à présent, Marianne ouvre un cahier de doléances dans lequel en toute confidentialité, les stagiaires peuvent raconter leurs déboires (ou au contraire leurs bonnes surprises) et déposer leurs commentaires sur la réforme.

Pour nous contacter et participer à cette enquête deux solutions :
- vous adresser directement à la journaliste responsable de l’enquête, Anna Alter en lui écrivant personnellement : a.alter@journal-marianne.com
- laisser un commentaire à cet article.

Dans les deux cas, bien entendu, Marianne et Anna Alter s’engagent à respecter l’anonymat de ceux des professeurs qui ne souhaitent pas apparaître publiquement.