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Les étudiants sortent la présidentielle mexicaine de sa torpeur - Mathilde Gérard, Le Monde, 23 mai 2012

vendredi 29 juin 2012, par Mariannick

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Les étudiants mexicains, dont beaucoup voteront pour la première fois lors de la présidentielle du 1er juillet, n’entendent pas se laisser voler leur scrutin. Alors que les sondages prédisent une large victoire du candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), Enrique Peña Nieto, un mouvement spontané étudiant ébranle depuis une dizaine de jours les prévisions médiatiques et sondagières. Pour de nombreux jeunes Mexicains, M. Nieto symbolise les dérives autoritaires et clientélistes du PRI – le parti historique qui a gouverné le pays sans interruption de 1928 à 2000.

Leur opposition se manifeste par des rassemblements spontanés dans les grandes villes mexicaines, convoqués sur les réseaux sociaux et qui attirent une foule de plus en plus fournie. De nouvelles manifestations doivent se tenir mercredi 23 mai.

A l’origine de leur colère, la visite chahutée du candidat Peña Nieto à l’université Iberoamericana de Mexico, une université privée jésuite, le 11 mai. De nombreux étudiants, exaspérés par le discours évasif du candidat, lui reprochent alors sa gestion en tant que gouverneur de l’Etat de Mexico et une campagne électorale menée dans une bulle, sans meetings et sans rencontre directe avec la population mexicaine. Sous les huées et les cris "fuera, fuera" ("dehors, dehors") et "telecandidato-basura" ("télécandidat-poubelle"), Enrique Peña Nieto, incapable de poursuivre son discours, s’est vu contraint de quitter l’université à grandes foulées.

Après l’incident, le PRI a minimisé la portée des critiques à son encontre et a dénoncé l’infiltration de l’assemblée étudiante par un groupe de provocateurs. Le président du parti a même suggéré que certains agitateurs ont été "payés" par des partis d’opposition. Televisiva, la principale chaîne de télévision mexicaine, a diffusé un reportage relayant largement la version des faits par le PRI. Cette négation des préoccupations des jeunes Mexicains a provoqué la colère des étudiants de l’Iberoamericana, qui diffusent une vidéo dans laquelle 131 d’entre eux exhibent leur visage et leur carte d’étudiant, démentant les accusations de manipulation.

La vidéo a aussitôt été soutenue par des jeunes d’autres universités et un cri de ralliement lancé sur le Web : "Yo soy 132" ("Je suis 132"). Aux 131 visages de l’Iberoamericana s’ajoute un 132e visage, anonyme et collectif, celui de toute la communauté étudiante. Un site Internet a été créé et le mot-clé utilisé sur Twitter pour diffuser des informations sur le mouvement s’est hissé en quelques jours parmi les plus recherchés sur le réseau. Samedi 19 mai, une manifestation a rallié des dizaines de milliers d’étudiants, à proximité des locaux de Televisiva. Leur slogan : "Nous ne sommes pas un, nous ne sommes pas cent, comptez-nous bien."

Mercredi 23 mai en fin de journée, d’autres rassemblements ont été convoqués à Mexico, Puebla, Guadalajara, Querétaro... Trois mots d’ordre figurent dans l’appel lancé par "Yo soy 132" : un "vote informé", un "processus électoral transparent" et la "démocratisation des moyens de communication". Le mouvement impose un code de bonne conduite aux manifestants : pas d’insultes, d’actes de vandalisme ou de pancarte pour un parti politique. Les volontaires sont appelés à se rendre aux points de rassemblements munis de livres et de tubes de peinture !

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