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Au cœur de la fronde contre Mme Fioraso, les communautés d’universités - N. Brafman, Le Monde, 29 avril 2014

mercredi 30 avril 2014, par Cécile

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C’est peut-être son dernier combat. Et malgré sa « fatigue », sa « lassitude » et une « certaine résignation » après un long tunnel de réformes, la communauté universitaire veut le mener jusqu’au bout. Lundi 28 avril, une partie des opposants à Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et la recherche, ont débattu pendant quatre heures d’un sujet brûlant pour les établissements : la création de communautés d’universités et d’établissements (Comue). L’un des objectifs de la loi votée en juillet 2013 est de simplifier l’organisation des établissements et de passer de 150 contrats à une trentaine. Pour ce faire, les universités peuvent fusionner, s’associer ou créer une Comue.

Le principe de l’association est plutôt prévu pour des regroupements de grande taille, comme à Strasbourg, ou pour de petits établissements relevant d’autres ministères. Dans tous les autres cas, le ministère estime que lorsque rien ne justifie que l’un des établissements membres joue le rôle de chef de file, la meilleure solution est celle de la Comue. D’ores et déjà, il a prévu que sur les vingt-sept ex-PRES (pôle de recherche et d’enseignement supérieur), dix-sept dont sept en Ile-de-France doivent évoluer en Comue d’ici juillet. Objectif : s’accorder sur l’offre de formation et pourquoi pas mutualiser les moyens dans les domaines numériques, international…

A la manœuvre pour dénoncer les Comue : le groupe Jean-Pierre-Vernant, qui regroupe une cinquantaine d’enseignants-chercheurs. Ce lobby défend avec vigueur le modèle de l’association pour la région Ile-de-France. Selon Bruno Andreotti, professeur à Paris-VII et membre de ce groupe, qui a animé une partie de la soirée, « il ne s’agit rien moins que de placer l’ensemble des décisions importantes en matière de budget, de formation et de recherche hors de portée des universités proprement dites, de leurs personnels et de leurs étudiants, pour les remettre entre les mains d’une poignée de décideurs au sommet d’une nouvelle couche du millefeuille du supérieur ». En cause aussi, le manque de démocratie de cette structure qui empêche tout contre-pouvoir. De fait, le scrutin direct pour désigner les représentants des établissements au conseil d’administration a été supprimé par un amendement adopté en catimini lors du vote de la loi sur l’agriculture. Toute représentation minoritaire est ainsi éliminée.

« ALORS ON DISPARAÎTRA »

Plus généralement, les enseignants-chercheurs dénoncent le « chantage » exercé par le ministère pour que les universités choisissent la Comue. Comme s’il n’y avait pas d’alternative. Comme à Paris-VIII par exemple, qui discute avec Paris-X-Nanterre. « On nous dit : si on fait une association, il nous faut un chef de file et, dans ce cas, nous allons être mangés par Nanterre, relate Jean-Louis Fournel, ancien président de Sauvons l’université et professeur à Paris-VIII. Et si on ne fait pas de Comue, alors on disparaîtra car nous n’aurons pas d’argent du ministère… » Partout, les opposants à cette nouvelle gouvernance, les enseignants-chercheurs tentent de mobiliser leurs collègues. Des assemblées générales sont prévues, des pétitions sont lancées.

« Le combat sur la Comue est le plus important, après on plie les gaules et on a perdu, lâche Jean-Pierre Fournel. Il faut convaincre que si on laisse passer la Comue, on n’a plus qu’à aller cultiver son jardin. » Pour un autre universitaire, si les Comue passent « alors là, on sera vraiment fichu ».

Sur ce sujet brûlant, il a été beaucoup question au cours de cette soirée du groupe Marc-Bloch, critiqué pour « truster » les postes-clés dans le supérieur. L’un des exemples de cette endogamie est illustré, selon eux, avec l’ex-PRES Sorbonne-Paris-Cité (qui regroupe notamment Paris-III, V, VII et XIII) présidé par Jean-Yves Mérindol, ex-conseiller enseignement supérieur de l’Elysée, et remplacé à ce poste par Vincent Berger, ex-président de Paris-VII. Sans compter Jean-Loup Salzmann, président de Paris-XIII et de la Conférence des présidents d’université et l’un des initiateurs de ce groupe.