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"Petit con, tu n’iras pas faire des études franco-allemandes à Paris 3, puisqu’il y a de l’anglais à Cergy" : ou ParcourSup testé par Valérie Robert (Paris 3)

jeudi 1er février 2018, par Martine

Aspect non négligeable de la plateforme ParcourSup : la sectorisation, ou le critère "académie" dans la recevabilité des voeux des lycéens. Il faut ainsi candidater dans "le bassin de recrutement des établissements" – soit généralement l’académie où l’élève réside.
Dans des cas "exceptionnels", il peut différer de l’académie et l’application doit indiquer ces exceptions. Certaines universités vont ainsi fixer un pourcentage maximum de candidat.e.s ne provenant pas du secteur de recrutement de chaque licéen.e. Un nombre restreint de candidat.e.s ne résidant pas dans le secteur sera accueilli.

Ainsi, si toi, lycéen, tu résides dans la Nièvre et que tu veux faire une première année de droit, sache que tu relèves de la L1 de Nevers. Tes chances d’intégrer la L1 de Dijon sont faibles, à moins que ton père ou ta mère ne réside dans le département prioritaire pour Dijon (louer un appartement spécifique n’est pas un motif recevable), que tu aies déjà un frère ou une soeur scolarisé dans le 21, que ta zone géographique connaisse des problèmes de transport, que tu sois sportif-ve de haut niveau [susceptible probablement de venir en courant jusque dans le 21].

Oui, car la mobilité, c’est pour les cadres, les sportifs de haut niveau et les membres de famille nombreuse. Lycéen breton tu es, étudiant breton tu seras. Bourguignon tu es, bourguignon tu resteras.

Plus immédiatement grave, l’exclusion des choix par la sectorisation. Valérie Robert, Mcf en allemand à Paris 3 a fait une expérience, détaillée sur son compte twitter que nous reprenons ici :

1. Munie d’un code appartenant à un lycéen de l’académie de Versailles, je clique sur les formations de [son] département (Paris 3). Attention : uniquement celles qui n’existent pas dans l’académie de Versailles.

2. Et là, quelle surprise, voilà ce qui s’affiche. Vous noterez le caractère catégorique du message : "Vous ne faites pas partie du bassin de recrutement de cette licence."

3. Cette formation n’existe PAS dans l’académie d’origine du lycéen cobaye. Mais ce qui compte, c’est la "mention" LLCER, ce qui veut dire "Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales", ce qui regroupe toutes les langues autres que le français.

4. Donc, c’est vrai, il y a des formations en LLCER dans l’académie de Versailles. Par exemple de l’anglais, de l’espagnol, de l’italien.

5. Le message est donc : petit con, tu n’iras pas faire des études franco-allemandes à Paris 3, puisqu’il y a de l’anglais à Cergy. Verstanden ?

6. Qui dira aux lycéens qu’il est possible de passer outre le message délivré par ce site conçu par des sadiques croisés avec des crétins. (Je reste polie)

7. Les lycéens n’ont que dix vœux. Ils vont donc éviter de perdre un vœu pour une formation que le site leur présente comme impossible à obtenir. Ou comment pousser les lycéens à l’autocensure.