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Le modèle Allemand de l’ESR, un modèle ? vraiment ? - #IchbinHanna, Asli Telli, traduit par Cécile Blanchet, Hypothèses, 13 juin 2021

lundi 14 juin 2021, par Mariannick

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Depuis mercredi dernier, 10 juin 2021, nous assistons à un embrasement général de l’enseignement supérieur et la recherche en Allemagne, suite à une vidéo postée sur Twitter par le laboratoire Autrichien Böttcher (groupe de recherche en chimie basé à Vienne et Constanz. Cette vidéo realisée par le Ministère de l’éducation et de la recherche fédéral allemand BMBF se présente comme un tutoriel d’information pour les chercheurs et chercheuses en début de carrière ; il y met en scène une jeune universitaire fictive prénommée Hanna, qui joue le rôle d’une doctorante à qui sont accordées six années de financement pour stimuler l’innovation à l’universitaire. Hanna n’est pas seulement une jeune femme qui a réussi à faire la preuve de son intelligence en terminant son doctorat en trois ans ; elle stimule également l’innovation dans le paysage universitaire allemand avant l’expiration des six ans. Nous devrions tous être fiers du choix difficile, mais conscient, d’embrasser la carrière universitaire que fait Hanna ; car elle utilise à bon escient ces six généreuses années sans encombrer (sic !) le système, afin que d’autres jeunes diplômé∙es prometteuses puissent faire exactement la même chose pour servir la société et stimuler l’innovation.

Comme on peut l’imaginer, 92% des universitaires en Allemagne, qui survivent dans un marché compétitif défini par des lois néolibérales et des contrats temporaires, ne sont pas restés sans rien faire : iels ont aussitôt déclenché un formidable shitstorm sur les réseaux sociaux. Le nombre de tweets a atteint son maximum vendredi 11 juin, mais la campagne continue sous le hachetague #IchbinHanna (#JesuisHanna) depuis, avec le soutien de chercheurs et chercheuses du monde entier.

Avec l’aide de plusieurs twitt@s qui se sont saisi∙es de l’occasion pour publier des éclaircissements sur les particularités du système allemand, je vous propose un résumé des récentes lois du travail et les inquiétudes qu’elles suscitent.

• L’Allemagne dispose de lois du travail strictes. Avec la problématique du nombre croissant de contrats temporaires, qui sont reconduits plusieurs fois, et l’insécurité qu’ils produisent, une loi a été mise en place pour limiter le nombre d’années passées en contrat non-permanents. C’est la Wissenschaftszeitvertragsgesetz (WissZeitVG), qui régit l’attribution de contrats temporaires par les universités et instituts de recherche. Instaurée en 2007, elle a été amendée en 2016. L’impact majeur de la pandémie du COVID19 a placé un grand nombre de chercheurs et de chercheuses dans des conditions de précarité, et exacerbé les incertitudes sur la suite de leur carrière, et ce, dès la première année de leur doctorat.

• Puisque vous ne pouvez obtenir de poste permanent sans qui ne soit pas un poste de professeur, cela signifie que vous disposez de 12 ans pour être titularisé∙e, sous peine d’être exclu du marché de l’emploi académique. Il y a un peu plus de 15 ans, le gouvernement allemand a remarqué qu’il était nécessaire d’offrir des options d’emploi plus précoces dans la carrière des jeunes chercheurs et chercheuses car les offres étaient plus attractives dans d’autres pays. C’est ainsi que les postes de professeur∙e « junior » ont vu le jour, tout en restant — ironie du sort — des postes temporaires. Il s’agissait de facto de recruter des post-doctorants pour assurer des tâches d’enseignement. L’autre aspect « intéressant » (sic) de ces postes, au-delà du fait qu’ils ne soient pas permanents, c’est qu’ils ne peuvent être attribués qu’à des chercheur.ses n’ayant pas plus de 4 ans d’expérience post-doctorale. Pourquoi ? Car cela entrerait en conflit avec la loi WissVG des 12 ans !

• La fuite des cerveaux se poursuivant, l’Allemagne décide d’enclencher il y a quelques années une politique de “tenure-track” (contrats temporaires devant mener à des postes fixes). Un ensemble de règles déterminent les critères de titularisation et le nombre d’années passées en contrat temporaire.
Problème résolu ? En pratique, le gouvernement allemand a dû user d’incitations pour créer ces postes. Pourquoi ? Parce que les universités devaient créer de nouveaux emplois permanents ou engager des personnes inexpérimentées qui risquaient d’ « encombrer » un poste de professeur pendant six ans. Il fallait donc une incitation financière : tous les postes tenure-track furent soutenus financièrement par l’État fédéral. Un grand nombre de ces postes en tenure-track remplacent en fait des postes existants – d’universitaires partant à la retraite ! Et, surprise !, les postes proposés étaient le plus souvent des postes de professeur junior, ce qui implique que l’on ne peut postuler que si l’on a moins de 4 ans de post-doctorat. Bien entendu, ce n’était pas une bonne nouvelle pour les personnes qui tentaient de trouver des postes permanents, parce qu’en fait, le marché de l’emploi déjà très tendu se trouvait désormais réduit à peau de chagrin.

• Cela signifie également que si l’on souhaite réussir dans le monde universitaire en Allemagne, il est indispensable de choisir son contrat post-doctoral avec le plus grand soin mais aussi d’y être très performant∙e. La chance ne sourit qu’une fois. Ou alors il faut partir à l’étranger.

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