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Les rendez-vous de Valérie (1) : ENS, 30 mai 2008

PÉCRESSE RÉFORME LA RECHERCHE EN CATIMINI - VISITE SURPRISE À L’ENS

vendredi 6 juin 2008, par Laurence

Voici le tract distribué par les manifestants, lors de la visite de Valérie Pécresse à l’ENS le 30 mai 2008. Le comité
d’accueil était aussi nombreux que bruyant, notamment composé de
doctorants, et est resté toute la durée de la visite de Pécresse,
s’augmentant d’une part notable de ceux qui rentraient dans les lieux
sans être au courant. Pécresse, qui devait d’abord visiter le
département d’informatique (et non de physique), puis présider une
table-ronde dans la salle des Actes, n’a pu faire ni l’un ni l’autre, et
a dû se se réfugier dans les bureaux de la direction d’Ulm, au dehors
desquels continuaient à retentir les "Pécresse, assassin du CNRS" et
autres "Qu’est-ce qu’on veut ? Le retrait de la LRU !" ou "Qu’est-ce qu’on
veut ? Le maintien du CNRS !". La banderole quant à elle disait "Non à la
vente à la découpe du CNRS !".
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V. Pécresse annonce le démantèlement du CNRS en six instituts afin de se
débarrasser de son
« organisation complexe » et de son « morcellement » (le Monde, le
20/05/2008) : découper pour
contrer le morcellement, il fallait y penser !
Grands absents du découpage : la biologie et l’informatique. C’est donc
sans doute pour rassurer les
chercheurs qu’elle vient visiter en secret le laboratoire d’informatique
de l’ENS !

Toutefois, seuls les chercheurs d’équipes associées à l’INRIA
l’intéressent et sont représentés à la
table ronde avec Pécresse d’aujourd’hui sur l’avenir de la recherche en
informatique qu’elle tiendra
devant les journalistes et la direction de l’ENS. Quel meilleur moyen en
effet que le dépeçage du CNRS
pour asservir la recherche aux intérêts industriels (l’INRIA dépend pour
moitié du ministère de
l’industrie) et des grandes entreprises (l’INRIA a développé un centre
de recherche commun avec
Microsoft) ? Déjà, l’ANR favorise une recherche sur le modèle des
entreprises :
des projets à court terme, suivant les modes, une recherche pilotée
autoritairement par le
ministère, effectuée par des agents contractuels et précaires.
Nous exigeons le maintien dans le cadre du CNRS d’une recherche
fondamentale, indépendante
des intérêts économiques, capable de prendre des risques, sachant
s’atteler à des défis scientifiques
de longue haleine. Celle-ci ne peut être faite que par des agents et des
chercheurs titulaires d’un statut
stable, maîtres de leur sujet de recherche, déterminant les critères
d’évaluation de leur pairs (à
l’opposé de l’AERES).

LRU : une réforme réactionnaire des universités imposée avec l’aide de
la police

La LRU « Libertés et responsabilités des universités »est une attaque
sans précédent contre le principe
d’un enseignement supérieur gratuit, socialement juste et au service du
savoir. Combattue par les
étudiants et le personnel des établissements d’enseignement supérieur,
elle n’a pu être imposée que
grâce à la criminalisation du mouvement étudiant et la violence de la
police envers les manifestants.

- Cette loi restreint fortement la démocratie universitaire. Dans les
conseils (CA, CS, CEVU), le
nombre de représentants des étudiants, des personnels
enseignants-chercheurs et ITA/
IATOSS diminue fortement. En revanche le nombre de personnalités
extérieures (notamment
issues du patronat local et des collectivités territoriales) augmente.
De plus, le rôle du président
d’université est largement accru puisqu’il a voix prépondérante, un
mandat renouvelable et de
nouvelles responsabilités. Le président d’université n’a plus à être
issu du monde de
l’enseignement et de la recherche, mais peut par exemple provenir du
monde de l’entreprise.

- Le personnel peut être recruté sur des postes de non-titulaires, en
CDD de 3 ans,
renouvelables, qui dans certains cas seulement pourront déboucher sur
des CDI. Le président
de l’université propose la composition des jurys de recrutement, et a un
droit de véto sur les
recrutements qu’il n’approuve pas.

- De moins en moins des ITA/IATOSS titulaires, remplacés par des
contractuels employés par
des entreprises sous-traitantes pour des missions précaires et de courte
durée et par des
étudiants, qui font tourner les bibliothèques.

- Le financement de l’université par les entreprises est encouragé, dans
le cadre de
« fondations ». Comment imaginer que cette « aide » soit désintéressée :
les entreprises
auront un droit de regard sur la politique scientifique et le contenu
des enseignements, au
détriment de la recherche fondamentale et du droit au savoir.
Si la direction de l’ENS s’est montrée particulièrement enthousiasmée
par cette
loi et les nouveaux pouvoirs qu’elle lui confère,
le personnel et les étudiants la refusent et ont signé massivement une
pétition
contre l’application de la LRU à l’ENS