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Lille 3 : situation bloquée

Semaine du 3 au 9 décembre

mardi 11 décembre 2007, par Laurence

Lille 3 : situation bloquée

L’Université de Lille 3 est bloquée depuis le 6 au soir. D’autre part, les éventuelles motions d’enseignants sont également “bloquées”.
La situation est catastrophique, la Présidence s’étant comme déjà installée dans la loi LRU quant aux pouvoirs que cette loi lui donnerait (je parle en termes d’esprit, bien entendu) : ainsi le Président a-t-il confisqué à son profit le site de l’Université, où ne passent que ses messages, des résultats de vote, et les messages des Directeurs d’UFR appelant à la levée du blocage.
Il n’y a eu à ma connaissance, depuis le blocage mis en place comme moyen d’action par les étudiants, aucune véritable A. G. des personnels où aurait pu être mise aux voix une motion. Lorsqu’une A. G. de ce type est prévue (jamais annoncée par la Présidence sur le portail de Lille, d’ailleurs), elle coïncide avec une A. G. commune enseignants-personnel administratif-étudiants (ce fut le cas le jeudi 6 : A. G. commune prévue, annoncée dans l’A. G. commune précédente, celle du mardi 4, pour 10 h. 1/2 ; A. G., qui devient parallèle, des personnels, prévue à 12 h. ; les enseignants qui étaient à l’A. G. commune ont quitté quelque temps celle-ci afin de passer au moins à l’autre ; amphi fermé, une dizaine de personnes attendant dehors : nous avons appris ensuite qu’elle aurait eu lieu, avec une quarantaine de personnes, je ne sais où exactement, ni quand exactement : aucune motion n’en est sortie.)
Cette coïncidence est d’ailleurs également le fait de certains directeurs d’U.F.R : étant donné la situation préoccupante, quant à la validation du semestre en particulier, mais aussi parce que le blocage a évidemment des inconvénients que nous connaissons tous, les personnels de certaines U.F.R. sont convoqués à des réunions, qui tombent à peu près systématiquement au jour et à l’heure de l’A. G. commune prévue…
D’autre part, certaines motions sont, comme je le disais plus haut, “bloquées” au niveau du Conseil d’Administration, du moins depuis qu’a été mis en place le blocage des étudiants : car fin septembre, le Président avait demandé au conseil “son avis sur l’organisation d’une assemblée générale des personnels et des étudiants à propos de la nouvelle loi" et avait ensuite donné la parole aux élus ; les organisations syndicales s’étaient alors l’une après l’autre déclarées contre la loi LRU.
Depuis la fin septembre, la situation a bien changé : ainsi, l’U.F.R. de Lettres modernes avait adopté, dans une réunion du 27 novembre, la motion-type proposée par “Sauvons l’Université”, motion qui devait être lue en C.A. Le C.A. du 30 novembre a commencé par la lecture d’une motion du Snesup, laquelle motion n’a pas été mise aux voix (refus d’une majorité du C. A. de la voter, donc), et la motion de l’UFR de Lettres modernes n’a, par voie de conséquence (…), pas même été lue.
Il y a, sur le site Lille Indymedia une motion votée par l’U.F.R. de Psychologie.
D’autre part enfin, le Président a refusé jeudi 6 décembre de recevoir une délégation de l’A. G. commune, laquelle réclamait sa présence et voulait au moins, à défaut d’obtenir celle-ci, l’informer de ce qui se disait à l’A. G. : cette délégation n’a pu voir le Président, malgré son insistance. La deuxième réponse qui a été faite par l’intermédiaire du chef de cabinet a été de “repasser dans une heure” (heure de la manifestation prévue…). L’A.G. a pris acte du refus de la Présidence de dialoguer.
J’ajoute que le mot de démission a été cette semaine plusieurs fois prononcé, le Président ayant créé, par son refus de dialoguer et par un certain nombre de manœuvres, une situation extrêmement confuse et violente.

Lille 3 se trouve être, de ce fait, particulièrement représentative de ce qui apparaît / n’apparaît pas dans les médias : on n’y parle à peu près que du blocage, d’autant que des étudiants “anti-bloqueurs” viennent en début d’assemblée générale demander comme amendement à l’ordre du jour que soit votée immédiatement l’éventuelle reconduction dudit blocage. C’est ce qui s’est passé jeudi, jour de mobilisation générale contre la loi : c’est après plus d’une heure de faux débats qu’a pu être voté l’amendement demandé. Les étudiants “anti-bloqueurs” n’ont pas obtenu gain de cause (il y a eu une écrasante majorité pour qu’il soit débattu d’autre chose, et que le vote prévu lundi prochain soit évoqué en troisième point seulement, et pour en fixer les modalités), et ils sont aussitôt repartis… généralement en cours.
Car, depuis mardi, pour des raisons qui ne peuvent se comprendre qu’en sachant ce qui s’est passé en début de semaine, depuis mardi, donc, alors que l’Université est bloquée, des cours ont lieu.
(Je n’ai pas le temps maintenant de faire ce récit, qui risque d’être long.)

Il est plus que regrettable que dans une Université telle que Lille 3 (Lettres et Sciences humaines), les enseignants n’aient pas encore réussi à se rassembler afin de s’opposer à une loi qui les concerne au premier chef. C’est dû pour beaucoup au comportement du Président, qui a rendu impossible tout vrai dialogue entre les membres du personnel ainsi qu’entre ceux-ci et les étudiants. Nombre d’enseignants ne sont manifestement pas informés de ce qu’il y a dans cette loi, certains la défendent, certains croient ou feignent de croire que l’abrogation ou la suspension immédiate demandée signifie une acceptation des conditions actuelles.
Certains s’y opposent, certes, mais il leur est quasi impossible de se réunir, et presque de se connaître. Ils ont donc le sentiment (en partie justifié, mais peut-être augmenté du fait de leur dispersion) qu’ils sont peu nombreux.
Enfin, si les étudiants “bloquent” l’Université depuis si longtemps, alors qu’ils ont envie de retourner en cours, c’est parce qu’ils n’ont, dans l’état actuel de la situation, pas d’autre solution.

La situation ci-dessus est celle où nous nous trouvons en cette fin de semaine de mobilisation générale (semaine du 3 au 8 décembre 2007).